Louvre des Antiquaires 2 place du Palais Royal 75001 Paris France
A l’heure où les scientifiques prévoient prochainement à Paris une crue de grande ampleur, Le Louvre des Antiquaires revient sur un épisode marquant de l’histoire de la capitale : la Grande Crue de 1910, à travers l’un des tous premiers « numéros spéciaux » qui alliait photos et textes que Le Journal des Débats lui consacra. Une exposition de photographies extraites de ce reportage est présentée par Patrice de Moncan, historien de Paris.
Témoignages spectaculaires, ces documents extraits du Journal des Débats de l’époque nous offrent un Paris étrange aux allures vénitiennes, où les habitants font face avec bonne humeur et énergie aux caprices de leur fleuve.
L’histoire de Paris ne saurait ignorer celle de la Seine et de ses caprices. C’est Grégoire de Tours qui parle le premier d’une inondation à Paris, en février 583, qui porta un grave préjudice à la navigation. Mais chaque siècle, une dizaine de débordements surprennent les Parisiens. Cependant, la Crue de 1910 est la première pour laquelle nous disposons d’images. En effet, pour la première fois, la photographie permet d’immortaliser les événements. Dès le 17 janvier 1910, la rédaction du Journal des Débats se mobilise, reporters et photographes se répandent dans Paris… Un mois plus tard, l’album Paris Inondé est publié. Les photographies prises sur le vif qui sont exposées aujourd’hui au Louvre des Antiquaires sont des reproductions des clichés originaux édités dans cet ouvrage publié en mars 1910. Elles sont mises en perspective avec des textes extraits de cet extraordinaire numéro spécial.
Le Journal des Débats évoquait à l’époque : « La crue a commencé dès le milieu de janvier. Le 17, elle s’annonçait comme sérieuse et le 20 déjà la navigation était interrompue. Dès lors, la montée fut constante. Le 23, le niveau de 1876 était dépassé ; le 28, le maximum fut atteint avec la cote suivante dépassant celles des plus hautes crues enregistrées jusqu’ici : 8 mètres 50 au pont de la Tournelle. Le surlendemain 30, la baisse se manifesta légèrement et les parisiens ressentirent un immense soulagement, mais ce ne furent que fluctuations singulières jusqu’au commencement de mars. Ce n’est que le 15 mars que l’on put dire en toute certitude que la Seine était rentrée dans son lit, laissant en banlieue, sur nos berges et nos quais, en cent endroits, d’incalculables ruines ».
L’exposition dévoile ainsi le spectacle singulier auquel ont assisté les Parisiens de l’époque.
1910-2010 ?
Chaque crue de la Seine nous surprend. La DIREN (Direction de l'environnement) a notamment conçu plusieurs scénarii de crue, dans une perspective de prévention. Par ailleurs de nombreux établissements ont été mis sous haute surveillance, en particulier le Musée du Louvre dont les réserves souterraines ont été déplacées.