« Le fond de l’eau, il faut le tapisser de câbles et de fibres optiques. L’atmosphère, on la verra charriant des masses gigantesques de poussières africaines, déplacées par l’air chaud du désert et photographiées par des satellites équipés de systèmes embarqués. Au delà de l’horizon, on repèrera sans aucun doute des bateaux de fortune avec des migrants, des vedettes et des hélicoptères de la Frontex. Et tout disparaîtra, brusquement. Subsisteront seuls des éclats de voix, magnétiques, optiques. Et les lueurs de la nuit disperseront, comme des flashs, des éclats d’histoire. Humains et inhumains.
La méditerranée est, comme l’indique son nom, un espace du milieu et un carrefour. C’est un horizon où les choses apparaissent et disparaissent. De cet horizon et des lignes de partage qui s’y dessinent, qu’est-ce qui est plus significatif, ce que l’on voit ou ce qui ne se voit pas ? »
Les photographies ont été prises en Méditerranée, à partir d’une montagne corse. Une partie des photographies est accompagnée de textes (intégrés au tirage, au bas de l’image). Les images opèrent sur un double registre historique : un temps archaïque, dilaté et ancré dans la contemplation ; un temps actuel, fragmenté et ancré dans l’information et l’actualité. Distant Voices travaille tantôt sur la jonction tantôt sur l’écart entre ces deux perceptions.