Galerie Chez moi, chez toi 9, rue Gauthier 30000 Nîmes France
Nath Sakura est d'abord un univers. Noir, et en transition. Les grands formats de l'artiste mettent en scène des personnages en partie dénudés. Des modèles, transsexuels, hommes ou femmes, mis en scène sans aucun tabou et souvent vêtus de latex. Pour la photographe montpelliéraine, cet érotisme latent est quasiment un prétexte : « Il y a très souvent des éléments de nudité mais nous ne sommes pas ici dans le nu artistique. Il s'agit de faire de la photo sans tabou. Le côté érotique arrête le spectateur. Une jolie fille pas trop habillée est un élément facile qui provoque le désir et amène, ensuite, à voir plus loin. » Plus loin, derrière, là où la photographie devient souffrance, plaisir ou doute : « Ce qui m'intéresse, c'est le fait de passer d'un état à l'autre, de
se transformer. Étant transsexuel, j'ai décidé de parler de ce changement mais je travaille sur tous les passages, comme dans Piéta , qui met en scène le Christ et la vierge Marie. » Dans un autre registre, Le fantasme de la grenouille : « Un homme, déguisé en grenouille, se masturbe en lisant un roman de Dominique de Villepin parlant de Napoléon. La grenouille pourrait être la France... » On l'aura compris, l'exposition (1) sort des sentiers battus. Volontairement provocante. Au total, 21 tirages de deux mètres de haut pour une série intitulée Pour en finir avec la photographie : « Ou plutôt pour en finir avec un certain style de photographies. J'en ai marre des expos avec 400 photos dans de petits cadres, où tu t'arrêtes, dis "C'est bien" , et passes à la suivante. Il faut ramener le public vers la photo, l'artistique. Les grands formats occupent l'espace, ça a de la gueule. » Ceux de Nath Sakura, qu'ils plaisent ou non, ne laissent en tout cas pas indifférent.