Maison de l'Amérique latine 217, Boulevard Saint Germain 75007 Paris France
La photographe italienne Elena Ciccozzi a réalisé une série de photos dans le célèbre archipel des Galapagos où elle vécut pendant un peu plus de trois ans (2005-2008) alors qu’elle dirigeait un projet de coopération internationale pour les Nations Unies, financé par le gouvernement italien. Les Iles Galapagos, inscrites en 1978 au “Patrimoine naturel de l’humanité” sont, depuis 2007, classées sur la liste du “Patrimoine mondial en péril” par l’UNESCO.
Sous forme d’un reportage artistique, ces photographies offrent une vision inédite des Iles Galápagos, différente de l’iconographie traditionnelle. La photographe y témoigne des aspects sociaux et économiques de la vie insulaire et met en lumière certaines nuances d’une intéraction complexe entre l’homme et la nature. Cette réalité n’est guère connue en dehors de l’Equateur, mais elle est une donnée incontournable de ces îles.
Le regard que porte Elena Ciccozzi révèle dans sa dimension plurielle la vie d’un archipel unique au monde par la beauté primitive de ses paysages, sa faune et sa flore dites endémiques (car on ne les trouve nulle part ailleurs), et également par la singularité de son économie florissante et les dynamiques sociales qui en découlent. Comme elle l’indique elle-même, il est important de reconnaître que les îles Galapagos ne sont plus seulement un laboratoire scientifique à ciel ouvert, mais elles représentent aujourd’hui un laboratoire humain et social sans équivalent.
Le public découvre ainsi un microcosme, fruit d’un équilibre entre l’exigence de préserver une nature imposante mais fragile, et l’essor d’une humanité attirée par le mythe, l’aventure, la science ou simplement tentée par une meilleure qualité de vie.
Les photographies présentées ici se veulent ouvertement didactiques et cherchent à sensibiliser le public à ce qu’on pourrait qualifier “l’exception Galapagos”. Elles ont la particularité d’être en noir et blanc, pour éviter toute collusion avec un effet carte postale qui aurait été contraire à l’esprit de son projet photographique. Elles sont donc accompagnées de panneaux explicatifs.
Le travail d’Elena Ciccozzi se caractérise par un fort contenu documentaire, qui relève à la fois du reportage et d’une curiosité passionnée pour l’histoire, la culture et les mœurs de la région qu’elle explore.
L’exposition s’inscrit dans les nombreuses initiatives organisées à l’occasion de l’anniversaire des 200 ans de la naissance de Charles Darwin et des 150 ans de la publication de “On the origins of the species”, inspiré en partie par son séjour aux Iles Galapagos en 1835. A sa manière, elle commémore également les 50 ans de la création du Parque Nacional Galápagos et de la Fundación Charles Darwin.
Elle bénéficie du soutien de l’ambassade d’Equateur en France, du Centro cultural de la Pontificia Universidad Católica del Ecuador, de la Fundación Charles Darwin, du Parque Nacional Galápagos, de l’Istituto Dante Alighieri et de l’UNESCO/Centre du Patrimoine mundial de l’humanité, et du laboratoire PICTO-Bastille, Paris.
Autres informations autour du projet
•“Microcosme Galápagos” est un projet photographique itinérant. La première étape s’est achevée en juin 2008 par l’exposition Galápagos en Blanco y Negro présentée au Centre Culturel de l’Université Catholique de l’Equateur (Centro Cultural de la PUCE), à Quito. Fin juillet 2008, elle a été présentée aux îles Galápagos, dans le Centre pour l’éducation environnementale “Miguel Cifuentes” du Parque Nacional Galápagos (PNG) sur l’île de Santa Cruz. C’est grâce à cette exposition que le PNG a pris la decision d’ouvrir les portes du Centre à la population locale et aux touristes pour des événements culturels. Les expositions à Quito et aux Galápagos ont été bien accueillies par le public et les médias, en particulier parce que pour la première fois, on réalisait un reportage sur les habitants.
•Certaines photos rendent compte d’événements de l’histoire récente des Galapagos et de l’Equateur, comme les élections politiques de 2006, le processus de la mise en marche du parc d’énergie éolienne à San Cristóbal (unique en Equateur). D’autres sont devenues des témoins historiques, les lieux qui apparaissent ayant changé de façon significative avec le passage du temps. On notera également les sites à caractère historique dans l’archipel, comme les vestiges de l’hacienda créée au 19e siècle par Manuel J. Cobos, sur l’île de San Cristóbal, ou une galerie de personnages emblématiques : un jeune pêcheur de concombre de mer à San Cristóbal, une femme de Isabela créant des cartes postales artistiques à partir de papier recyclé, éléments associés de façon inéluctable au passé et au futur des îles.
•Le choix du noir et blanc, pour l’auteur, ce choix l’aide à mieux pénétrer la réalité, à capturer l’intensité et la texture de la lumière, à refléter ses multiples nuances, surtout dans les portraits. Elle fait sienne l’affirmation de Cartier-Bresson : « photographier c’est un moyen de comprendre ».
•Dans sa démarche, l’auteur souhaite contribuer modestement aux efforts réalisés pour garantir l’avenir du microcosme Galapagos.
Extrait de diarios galapagueños de Elena Ciccozzi
Mon ami Edison m’a dit que je devrais quitter les îles pour quelque temps…sinon je risquais de perdre bientôt la tête. Et cela, alors que je lui faisais le commentaire suivant :”il faut admettre que la lumière des Galapagos est unique, elle est “endémique” à l’instar des cormorans aptères ou des iguanes marins. “Endemismo de pura luz”. Ici la lumière se répand en de multiples transparences, elle est plus liquide, corporelle, je peux la toucher. Joie et défi de photographier, mais il faut savoir la saisir ou se faire surprendre. Trop simple de remarquer que la lumière ici est magique. La lumière des îles caresse les visages dorés des gens, des personnages de l’archipel… mes voisins pêcheurs, les jeunes “pepineros” sur le quai ; cette lumière légère et douce qui, ici, frôle le regard écarquillé et curieux des otaries, hébergeant encore le reflet austère d’une histoire épique et sombre, et là, se brise sur les vestiges du domaine de Manuel Cobos. La lumière, reine et déesse des Iles Galapagos, donde la luz es reina.
Biographie sélective de Elena Ciccozzi
Né en 1965 à Rome, elle est diplômée en Economie et Administration à l’Université La Sapienza à Rome. En 1992, elle part vivre à Moscou où elle commencera à travailler la photographie noir et blanc. A partir de 1994, elle amorce une longue collaboration avec les Nations-Unies et part pour Almaty, Kazakhstan, dans le cadre du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD). Elle profite de ce séjour en Asie centrale pour réaliser des reportages sur la vie quotidienne locale après l’effondrement de l’empire soviétique.
De 1997 à 1999, elle est engagée à Vienne au sein de l’Organisation des Nations-Unies pour le développement industriel (ONUDI), et y réalise sa première exposition. C’est en 1999 que Elena Ciccozzi s’établit à Paris. Elle travaille cette fois-ci pour le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE), qui l’emmènera en Amérique latine (Nicaragua et Guatemala). En 2005, elle présente l’exposition L’Iran vu par un Italienne, un reportage indépendant réalisé en 1998, au Centre culturel iranien de Paris. La même année, elle se rend aux Iles Galapagos où elle restera environ trois ans pour diriger un projet de coopération internationale pour le PNUD, séjour pendant lequel elle réalisera le reportage présenté à la Maison de l’Amérique latine.
Rencontre avec Elena Ciccozzi le mardi 24 novembre à 17h, autour de son reportage photographique. Avec la participation de Michele Canonica, président de la Società Dante Alighieri-Comité de Paris, Claude Lara, ambassade de l'Equateur en France et Laura Serani, commissaire de projets photographiques.
Entrée libre dans la limite des places disponibles