Philip Delos
RFO - Guadeloupe Morne Bernard Destrellan BP 180 97122 Baie-Mahault France
Au cœur de la nuit j’ai arpenté les allées étriquées d’un des derniers endroits où je n’aurais jamais imaginé m’attarder. Nombreuses étaient mes prénotions en matière de camarde, mais je n’étais pas là pour ça ! Attiré j’étais par ces lumières multiples et vacillantes, abondantes et parcimonieuses à la fois, selon les endroits et selon l’aisance de leur cognations. On y vient en famille, avec les enfants, on y rit on y boit on y mange. C’est la fête, c’est la vie. Pas de place pour la mort, la camarde pourtant elle est là sous terre, mais on n’y est pas, pas pressé d’y être en tous cas ! Là-bas ce jour-là c’est la cohue mais ça ne se bouscule pas, ça va doucement dans les allées étriquées, et puis ça s’arrête et on prie, à la lueur des bougies, et on bouge, on forme des ombres, des ombres multiples et vacillantes elles aussi.
Ombres et lumières : comment ne pas y trouver d’inspiration ? De quoi écrire, dire, raconter, se souvenir, de quoi photographier.
Les unes toutes plus belles que toutes les autres, discrètes ou imposantes sont ces sépultures. Les unes proches de la terre, à même le sol, les autres plus proches du ciel, plus proches des cieux. Alors oui je m’y attarde et j’y prends plaisir et puis je cliche, sans compter sans calculer, j’arpente et je badaude, je lanterne et puis je repars dans ces allées étriquées. Ça vacille encore et ça flageole dans cette flopée de flammes hallucinées et de teintes orangées venant colorer plaisamment le noir et le blanc des faïences en damier. Et puis je me délasse, sans me soucier du temps qui passe. Soudain j’enlève le doigt du déclencheur, je lève la tête je n’entends plus rien, plus un bruit, plus un rire, je suis seul, seul parmi ces ombres et ces lumières.
Trois heures entières viennent de passer et je me sens bien, mais il faut partir les portes se referment. Mais toute la nuit durant, resteront encore ces ombres et ces lumières et plus de 200 clichés, dont les quarante meilleurs pour cette exposition.
Philip Delos - novembre 2009