
Instituto de México 119 rue Vieille du Temple 75003 Paris France
Comment rendre visible l’érosion transformatrice du temps ? Comment les lieux et les choses deviennent ruines, mémoires ? Pourquoi donnons-nous à certains déchets culturels
le caractère de monuments ? Au moyen du document photographique, mais aussi de l’expérimentation esthétique, Gerardo Suter aborde ces questions dans Nouvelles archéologies. Document [o] : ciudad / cité / stadt / city. Moins connues que les œuvres de Gerardo Suter autour du corps humain, les photographies et vidéo-installations qui composent cette exposition sont axées sur le registre topographique et archéologique. Depuis ses photographies de L’album archéologique du Professeur Retus qui constituèrent en 1983 un événement marquant de la photographie expérimentale mexicaine, les images de Suter de paysages urbains, ruines et
monuments manifestent une double intention romantique et conceptuelle ; non seulement elle sont des représentations de l’érosion transformatrice du temps, mais aussi des méditations sur la place et le rôle de l’homme dans le processus entropique de la culture.
A l’instar d’autres photographes ayant abordé le thème des ruines urbaines et industrielles, Gerardo Suter émet un commentaire ironique à propos de la condition contradictoire de tout document photographique : si elle représente un acte d’exorcisme devant l’action catastrophique du temps sur la nature et les choses faites par l’homme, toute photographie est une construction mentale, hautement symbolique et subjective : ses images d’empreintes et de ruines sont un reflet, mais aussi un miroir du ressenti esthétique de l’auteur.
A travers une sélection de 60 œuvres photographiques et vidéo réalisées par Gerardo Suter de 1983 à 2009, Nouvelles archéologies présente une facette peu connue de l’auteur : un aspect documentaire qui, au moyen de subtils clins d’œil conceptuels et expérimentaux, parvient à troubler la notion conventionnelle de la documentation photographique.
© Laura González Flores,
Institut de Recherches Esthétiques
GERARDO SUTER
(BUENOS AIRES, 1957)
C’est l’un des plus importants photographes émergents dans le panorama de la photographie expérimentale de ces dernières décennies au Mexique. Depuis 1990, il s’attache { développer des projets pour des sites spécifiques, associant l’image photographique grand format { d’autres moyens (image cinématique, son, texte) et utilisant l’architecture comme support final de son œuvre.
Des expositions individuelles lui ont été consacrées dans les principaux festivals internationaux de Photographie : Le Mois de la Photo (Paris), FotoSeptiembre (Mexico), FotoFest (Houston), Encuentros Abiertos (Buenos Aires), Fotobienal (Vigo), Encontros da Imagen (Braga), Fotografía / Festival Internazionale (Rome), Huesca Imagen (Huesca), Foto30 (Guatemala), Le Mois de la Photo à Montréal (Montréal), Photoquai (Paris). En outre, il s’est distingué en tant que représentant du Mexique à la IIIe et VIIe Biennale de la Havane et à la XXIIIe Biennale Internationale de São Paulo. Membre honorifique du Système national des Créateurs dans le domaine des Arts Visuels et enseignant à la Faculté des Arts de l’Université Autonome de l’Etat de Morelos, Gerardo Suter est doctorant en art { l’Université polytechnique de Valence.
En 1998, il s’est vu attribuer la bourse Rockfeller-MacArthur de cinéma, vidéo et multimédia, afin de développer TranSitus, une installation sur la frontière Mexique-Etats-Unis, envisagée pour les espaces réel et virtuel. Son œuvre est publiée dans deux anthologies de photographie contemporaine : Blink (Phaidon Press) et Mapas Abiertos (Lunwerg Editores) et inclut deux ouvrages monographiques, Gerardo Suter : Labyrinth of Memory, édité à New York par America Society et Mapeo / Gerardo Suter, édité par Turner à Madrid.
LAURA GONZÁLEZ FLORES
(MEXICO, 1962)
Photographe et théoricienne de l’image, Laura Gonz|lez est actuellement chercheuse { l’Institut de Recherches Esthétiques de l’Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM) et professeur d’Histoire de l’Art a la faculté de Philosophie et de Lettres. Docteur en Beaux-arts de l’Université de Barcelone (1998), elle est également diplômée d’un master en art de l’Institut d’Art de Chicago (1990) et d’une licence en arts visuels de l’UNAM (1986).
En 1986, elle obtient une bourse de Production de la Biennale de Photographie organisée par l’Institut National des Beaux-Arts (INBA) à Mexico et, en 1989, une bourse des Jeunes Créateurs du FONCA. Depuis 2001, elle est membre du comité de direction de la Fondation culturelle Mariana Yampolsky, A .C. et membre du comité consultatif du Système national des Photothèques. Membre du Système national des Chercheurs depuis 1999, elle a dirigé plusieurs groupes de recherche dans le domaine de l’histoire, de la théorie et de l’enseignement de la photographie. Entres autres livres, elle a publié Fotografía y pintura ¿medios diferentes? (Gustavo Gili, 2004), Fotografías que cuentan historias (Random House – INAH, 2007) et La ciudad de México. Seis pasos fotográficos (Televisa – El Equilibrista, 2008). Avec la collaboration de José Falconi, elle édite actuellement le libre du projet Droits visibles : photographie pour/par les enfants à l’Université d’Harvard.