
Galerie Azzedine Alaïa 18, rue de la Verrerie 75004 Paris France
Pas moins de 69190 photos de presse ont concouru cette année pour le World Press Photo, une organisation indépendante et à but non lucratif, dont le but est de soutenir le travail des photographes de presse internationaux. L'exposition itinérante fait escale à Paris jusqu'au 30 juin.
L'exposition World Press Photo 2005 constitue le concours le plus important et le plus prestigieux dans le domaine des photos de presse. Elle sera vue cette année dans 40 pays par 2 millions de visiteurs en moyenne.
Boltanski disait : « La photo est une preuve qui ne prouve rien ». Mais lorsqu'on parcourt lagalerie, qui présente les lauréats de l'édition 2005, on est plutôt d'avis contraire. En effet, les œuvres lauréates valent le déplacement. D'abord pour leur beauté, comme ces deux enfants sénégalais qui courent, le sourire aux lèvres, dans une nuée de sauterelles. L'invasion des insectes à Dakar en septembre dernier, a permis au photographe Pierre Holtz de saisir, oserions-nous dire, le« moment décisif » dans le mouvement, la composition, les couleurs. On peut aussi parler de l'équipe féminine de football des Churubamba, au Pérou, photographiée par Daniel Silva Yoshisato : point de shorts, ni de maillots, mais les traditionnelles jupettes colorées, qui n'empêchent pas les péruviennes de pratiquer ce sport le plus sérieusement du monde.
Mais au-delà de l'esthétique, c'est la puissance évocatrice, la symbolique de ces images, qui nous touchent au plus profond. Les événements de l'année ont été figés dans leur urgence, leurs promesses, aussi. Les malades du sida au Darfour, les mutilations des soldats américains en Irak, ou encore cette femme afghane qui se dévoile un court instant, lors des élections, afin de procéder à un contrôle d'identité.
Quant au premier prix, il a été remis à Arko Datta. L'Indienne sur la photo est agenouillée, la tête posée sur le sable d'une plage d'Asie du Sud-Est. Elle écarte les bras comme pour signifier son impuissance face aux forces de la nature. Le tsunami a emporté un de ses proches, dont seul un bras dépasse, contusionné, tendu vers elle. Roland Roland Barthes ne disait-il pas : « Dans une photo, le référent adhère » ? Tant et si bien, qu'on a du mal à s'en défaire.