Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Concours
Le 6 juin dernier, suite aux délibérations qui se sont tenues à la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris, le jury du prix Henri Cartier-Bresson 2005 a désigné Fazal Sheikh pour ses projets « Moksha » et « Girl-Child », témoignages sur la condition féminine en Inde aujourd'hui. Sa candidature était présentée par le Fotomuseum Winterthur.
Décerné tous les deux ans par la Fondation HCB, le prix HCB est un prix d'aide à la création d'un montant indivisible de 30 000 euros, dont l'objectif est de permettre à un photographe de réaliser un projet qu'il ne pourrait mener à bien sans cette aide. Initié par Robert Delpire en 1988, le prix HCB a été réédité en 2003 à l'occasion de l'inauguration de la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris. Depuis sa création, le prix HCB a été attribué à Chris Killlip (1989),
Josef Koudelka (1991) et Larry Towell (2003). Le prix HCB est rendu possible grâce au concours de la Banque de Neuflize et de sa filiale Neuflize Vie, qui renforcent ainsi leur soutien à la création contemporaine. Ce prix a été décerné par un jury international composé de sept personnalités du monde des
arts :
- Robert Delpire (Président du jury)
- Martine Franck (Photographe et Présidente de la Fondation HCB)
- Anne Samson (Directrice ASC, communication et mécénat culturel)
- Bernard Latarjet (Président du Parc de La Villette, Paris)
- Tereza Siza (Directrice du Centro Portugues de Fotografia, Porto)
- Anne Tucker (Curator of Photography, Museum of Fine Arts, Houston, Texas)
- Val Williams (Commissaire indépendante, Londres)
Au cours des délibérations, le jury a souligné la qualité des dossiers : « Ce fut une véritable leçon d'histoire contemporaine. Ces photographes de talent sont dotés d'une curiosité insatiable, avec une conscience aiguë des problèmes qui se posent dans le monde d'aujourd'hui.» A propos du lauréat, le jury a déclaré : « Son engagement, très sérieux, est à la fois politique et poétique - dans sa façon de traiter de problèmes très douloureux. Avec une approche très classique sur le plan formel en apparence, voir distancié, il laisse le spectateur
libre de prendre parti. ». « C'est une façon très nouvelle et fondamentalement humaine de traiter un sujet d'actualité. En les laissant s'exprimer, il redonne à ces femmes une identité, et de la dignité. ». « Au travers de portraits, d'interviews et de photographies de l'environnement
de ses sujets, Fazal Sheikh nous confronte à la tragédie de femmes – très âgées ou très jeunes - en Inde. Il montre comment l'enfance est écourtée par la misère et la nécessité, et la tristesse de ces veuves rejetées par leurs enfants et leur famille. »
Projet du lauréat
Première partie : « Moksha » : « Depuis 500 ans, la ville sainte de Vrindavan, dans le nord de l'Inde, est un refuge pour les veuves indiennes dépossédées de tout. Rejetées par leur famille et condamnées par la stricte loi martiale qui leur nie tous leurs droits, elles sont parvenues à s'y rendre. Leur rêve le plus cher est d'atteindre Moksha – le paradis – où elles seront libérées
du cycle de mort et de réincarnation et où elles vivront entourées de leurs Dieux pour toujours. Ce travail a pour but de faire connaître cette communauté de femmes largement oubliée. »
Seconde partie : « Girl-Child » : « Ce pan du projet traite de la situation des petites filles en Inde, où les orphelinats regorgent de fillettes déposées dans un panier vide devant leur porte. Avec 50 roupies, une famille pauvre peut s'offrir les services d'une sage-femme pour donner naissance à son enfant. Pour 10 roupies de plus, les parents sont assurés que la naissance d'une fille sera sujette à un infanticide par la sage-femme. Avec ce témoignage, je souhaite montrer l'autre extrême de la situation de la femme en Inde aujourd'hui. »