Dazibao 5455, avenue de Gaspé H2T 3B3 Montréal Canada
Dans « Into Black… et pas blanc comme neige », seconde exposition d’une série d’événements portant sur le réemploi d’images, Dazibao réunit des œuvres de Rob Kovitz et Jason Dodge qui, quoique en rupture des systèmes narratifs usuels, s’articulent autour de la genèse et du développement du récit.
Rob Kovitz a mis dix ans à compléter Ice Fishing in Gimli, une saga ambitieuse faite de « désir, d’ambition, de météo et de paysages (…) d’ennui, d’échec, de folie, de vide. » Cette œuvre monumentale et polyphonique de 4000 pages est tout entière construite de citations et d’images trouvées, soigneusement assemblées. Bien que chaque fragment soit le résultat d’une cassure, il conserve et continue de porter la promesse du tout : celui dont il est issu, de même que celui qu’il participe à construire.
Pour Into Black, Jason Dodge a demandé à quatre amis travaillant dans quatre ambassades situées dans une même rue à Berlin d’exposer chacun une feuille de papier photographique à la lumière du lever du soleil, le jour du solstice d’été 2006. Ces quatre feuilles de papier photographique jamais révélées sont grises et muettes, inaptes à livrer leur récit. Inscription empirique posée comme évidence, l’œuvre de Dodge est tributaire pour sa lecture d’un exergue, d’un pré-texte non révélé d’emblée.
L’acte de lire est inscrit au coeur de ces œuvres, or ce qui est donné à lire, bien que cohérent, demeure en partie indéchiffrable. Si, suivant l’Encyclopedia Universalis, la mystique est le rendez-vous d’une énigme, c’est dans ces troués, dans ces manques et absences, dans cette quête de ce qui est non révélé, que l’acte même de la lecture participe à la construction du récit.