Institut Polonais 31, rue Jean Goujon
75008 Paris
Tél : 01 53 93 90 10
www.institut.pologne.net
Métro Alma-Marceau
Horaires d’ouverture : de 10h à 17h les lundi, mardi, jeudi et vendredi ;
de 10h à 19h le mercredi. Fermé le week-end. Entrée libre.
Diaporama.
Du 13 au 30 juin 2005 à l'Institut Polonais.
Dans le cadre l' exposition et du 1er Festival des cultures juives"Le Yiddish à l'honneur",
l'Institut Polonais présentera un diaporama du cycle photographique « Nous étions là ».
« Depuis très longtemps, je me suis intéressé à l'histoire des Juifs. En
tant que photographe, j'ai senti que je devais m'exprimer sur ce sujet.
En 1990, alors que je revenais de Lvov, j'ai eu à passer quelques
heures à Przemysl. Je me suis rendu dans une librairie où j'ai acheté
les «Récits hassidiques » de Martin Buber. Ce livre édifiant m'a
amené trois ans plus tard dans la petite ville de Belz où j'ai fait de
premières photographies. Peu après, mon ami Jerzy Budziszewski
(Joshua Ben Or), un artiste installé à New York m'a convaincu de la
nécessité de photographier les lieux liés à l'histoire des Hassidim. Je
recherche donc ces lieux, je choisis les cadres de cette réalité, j'évite
les détails contemporains tels qu'antennes de télévision, réclames
criardes ou voitures garées au hasard.
Il y aura encore d'autres photographies de cette nature… ».
Tadeusz Rolke
Le cycle « Nous étions là » de Tadeusz Rolke est une tentative de
reconstruction symbolique du monde des Hassidim qui fascine
par sa spiritualité et sa philosophie.
Sur les photographies ont été fixées de petites localités
éloignées des grands axes, en marge de la civilisation
d'aujourd'hui, caractéristiques de l'image qui s'est constituée
dans l'imaginaire collectif sur le monde des Hassidim. Tadeusz
Rolke s'est lancé dans une tentative de rendre le climat et
l'ambiance que cette société pouvait avoir en partage. D'où le
soin d'intégrer plus qu'une couche inventée de réalité
matérielle dans les éléments photographiés, maisons, ruelles,
cours, fragments de prétendue « petite architecture » ou même
les paysages.Au regard de ces photos notre imagination se
met en marche à partir de scènes reprises de lectures d'Isaac
B. Singer, de Julian Stryjkowski ou d'autres écrivains ou de
réminiscences qui nous rapprochent sans peine d'un monde
riche et mystérieux qui dans la réalité n'existe déjà plus.
Les travaux de Tadeusz Rolke sont des photographies
actuelles, réalisées dans des lieux que les Hassidim identifient
à leur histoire et où ils ont vécu et séjourné. Il ne s'agit pas
toujours de lieux de culte d'une signification historique
fondamentale comme par exemple la tombe de Baal Shem Tov
en Ukraine.
Un peu d'histoire ...
Le territoire de la monarchie élective de Pologne d'avant les
partages a constitué en grande partie le terrain d'activité des
Hassidim. Le fondateur de ce mouvement socio-religieux fut le
rabbi Izrael ben Eliezer (Baal Shem Tov) qui formula les
principes théologiques fondamentaux du hassidisme.
Développé ultérieurement par d'autres érudits de l'écriture,
entre autres à partir de 1772 par le sage Dov Bera de
Miedzyrzecz en Volynie, le hassidisme est devenu un
mouvement dont la signification sociale et historique s'est avant
tout distinguée par l'acceptation du monde et de l'histoire
personnelle considérée comme une manifestation de religiosité
placée au-dessus même de toutes les spéculations
théologiques et des prières. Les Hassidim se caractérisaient
par une immense joie de vivre et par leur acceptation du
monde environnant. Le mouvement s'est développé au
tournant des XVIII et XIX siècles et il a englobé principalement
les territoires du Royaume de Pologne, de la Galicie, de
Podolie, de Volynie, de Transcarpathie et d'Ukraine centrale et
occidentale. Il s'est perpétué comme phénomène permanent
de société et de mœurs jusqu'à la deuxième guerre mondiale
où il fut pratiquement anéanti pendant l'Holocauste. Il a survécu
de manière dispersée, principalement en Israël et aux Etats-
Unis. Les fidèles et les continuateurs du hassidisme gardent
jusqu'à ce jour des lieux sacrés, nourris de tradition, liés au
culte des tsadiks et où ils font des pèlerinages (Lezajsk,
Bobowa pod Tarnowem, Góra Kalwaria ou Belz, Miedzyboze,
Braclaw et autres lieux en Ukraine occidentale).
Les bourgades, les « shtetl » typiquement juifs tels que Kock,
Miedzyrzec Podlaski, Rymanów, Kozienice, Przysucha, les
fragments de constructions à la périphérie de localités plus
importantes (Lublin par exemple), les lieux physiquement liés à
la présence des Hassidim sont des références constitutives de
l'histoire des Hassidim. Tadeusz Rolke perpétue de manière
spécifique la notation documentaire de ce qu'un autre
photographe, Roman Vishniak, aujourd'hui disparu, avait déjà
pu enregistrer avant le déclenchement de la deuxième guerre
mondiale. A ceci près que sur les photos de Tadeusz Rolke il
n'y a plus de personnes vivantes, il n'y qu'une tentative fragile
d'enregistrer un climat dont personne auparavant n'a pressenti
l'existence symbolique et qui avec le temps inexorablement va s'éloigner et disparaître.