Musée d'Art et d'Archéologie Aurillac 37, rue des Carmes 15000 Aurillac France
L'exposition de photographies
Avec la complicité de Jacques Roubaud et la Sellerie, espace photographique Albert Monier du musée d’art et d’archéologie d’Aurillac, la compagnie propose une exposition de 39 photographies d’Alix Cléo, dont la série présentée à Arles en 1983 « Si quelque chose noir », ainsi que la diffusion en continu du film de Jean Eustache, Les photos d'Alix.
Extrait du Journal de Alix Cléo Roubaud
« Il fait beau aujourd’hui; le soleil tue lentement.je suis ici à cet endroit où jadis je mourus et où je vais (plus tard!) remourir. Il faut que je retrouve ce jardin à Lariboisière. Je ne dois jamais regarder le soleil en face; il me brûle plus que la rétine; et pourtant sur tout le reste ! on a beau mettre ses mains dans ses poches, passer de l’autre côté du trottoir, il faut passer par ses nappes de lumière qui vous attaquent le visage. Même l’écrit a de l’ombre; ce couteau de la lumière, ce ciseau de la lumière, ce sang de la lumière partout. Je sens mon devoir, ramener l’obscur à la lumière; par la photographie, mais plus que la photographie. A l’occasion de ces spectacles et de l’exposition les Editions du Seuil éditent une nouvelle édition du Journal d’Alix Cléo Roubaud comportant 26 photographies supplémentaires par rapport à la version de 1984, et préfacé par Jacques Roubaud.
Alix Cléo Roubaud
Photographe, femme du poète et mathématicien Jacques Roubaud, Alix Cléo Roubaud laisse son journal et une œuvre photographique hantés par son manque de souffle, la peur de mourir et les attentats répétitifs contre son corps. Elle écrivait dans l’ordre des jours, pour elle-même, et peut-être pour être lue après sa mort. Gravement asthmatique, elle décède à l’âge de 31 ans d’une embolie pulmonaire. Étudiante, elle préparait une thèse sur le style de Wittgenstein et sa théorie de l’image. Dans le film de Jean Eustache « Les photos d’Alix » elle parle de ses photographies et quelques-unes y sont montrées. L’année de sa mort, elle est exposée aux Rencontres Photographiques d’Arles avec sa célèbre série Si quelque chose noir.
Les spectacles
La Chambre (noire) est un spectacle constitué d’extraits du Journal d’Alix Cléo Roubaud. Il rend compte de son univers mental et photographique. La scénographie et la lumière s’inspirent de l’univers visuel de la photographe. Il met l’accent sur la contradiction :
- entre un amour conjugal heureux et un mal de vivre inguérissable lié aux longues heures passées dans sa chambre et à ses déficiences respiratoires
- entre un incessant besoin d’écrire et un refuge vital dans le silence de la photographie.
Dans son spectacle La chambre (noire), Athra & compagnie crée deux formats :
Le format panoramique
Spectacle destiné aux théâtres. Il nous plonge dans l’univers photographique et les problématiques existentielles d’Alix Cléo Roubaud. La mise en scène de cette forme, très cinématographique, présente Alix Cléo Roubaud en proie à ses démons, se laissant happer lentement par la maladie et la mort, sous le regard bienveillant et rassurant d’un Jacques Roubaud aimant et impuissant. La scénographie est construite sur trois plans successifs : de la planche contact grandeur nature à une première ouverture sur le lointain pour terminer sur l’immense vide laissé par sa mort. La lumière s’inspire des photographies, tout en ombre, en noir, en blanc, en sur- ou sous-exposition. Certaines scènes du spectacle sont la citation exacte de certaines photos présentées dans l’exposition. Le traitement sonore du spectacle reprend la musique et les bruits, en direct ou en différé, qui émanent du journal, diffusés en quadriphonie. C’est le témoin du monde extérieur qui retranche Alix dans sa solitude composée de mots ironiques, grinçants et toujours visionnaires.
Le format polaroïd
Destiné aux musées, médiathèques, galeries, salles d'expositions et les petites scènes, il propose un rapport plus direct et ludique avec les spectateurs. Le montage textuel du Journal se concentre sur les réflexions d’Alix Cléo Roubaud concernant la photographie et sa pratique. Les photographies originales sont au centre de cette adaptation, et montre une Alix Cléo Roubaud se mettant elle-même en scène dans ses clichés par un jeu d’apparitions et de disparitions, d’impressions et de surimpressions. Différents supports de projection et de révélation de l’image sont utilisés. Tout comme le panoramique, le format polaroïd s’attache à mettre en valeur la personnalité d’Alix Cléo Roubaud dans ses contradictions : drôle et caustique, fantasque et enfantine, féminine et mondaine…
Les sources de diffusion du son et de la lumière viennent de la scène depuis de petits magnétos, des enceintes de salon, des lampes d’appartement ou de labo photo manipulés par Alix Cléo.