Les Champs Libres 10, cours des Alliés 35039 RENNES France
À Rennes, du 1er décembre 2009 au 2 mai 2010, le musée de Bretagne, l’Espace des sciences et la Bibliothèque de Rennes Métropole proposent, pour Les Champs Libres, une exposition-événement sur les réfugiés de la mer. Ces "gens des bateaux" sont des populations blessées par des idéologies, la guerre, la misère, l’oppression, pour qui le bateau devient le vecteur de la traversée vers une autre existence. L’exposition illustre la migration des boat people grâce à des photographies, des objets, des mises en scène, des témoignages et des films.
Une actualité brûlante pour point de départ. Ils sont des dizaines de milliers, d’hommes, de femmes et d’enfants, de nos jours, sur tous les océans du monde. Une vingtaine de documents, des grandes photographies, nous rappellent la permanence de ce phénomène et l'existence de ces gens des bateaux en Atlantique, dans l'océan indien, en Méditerranée, dans les Caraïbes... Les camps de réfugiés n'ont pas disparu, notamment en Europe. Le terme “boat people”, inventé à la fin des années 1970 tend même à disparaître pour laisser directement la place à celle de “clandestins” ou “d'immigrants illégaux”. Une anticipation sur ce qu'ils ne sont pas encore. En mer, sur leur embarcation de fortune, ils sont pourtant bien des boat people : “Réfugiés abandonnant leur pays sur une embarcation de fortune” (Le Petit Larousse, édition 2003).
Cette exposition permet ainsi d’aborder un des problèmes de société les plus terribles et les plus complexes de notre temps. Un sampan vietnamien pour rappeler un épisode tragique de l’histoire. Dans la nuit du vendredi 6 novembre 1981, 86 personnes sont sauvées en mer de Chine grâce à un navire affrété par Médecins du Monde. Elles fuyaient le Vietnam. Ces femmes et ces hommes dérivaient depuis plusieurs jours sur un sampan. Cette embarcation, de près de 15 mètres de long, est conservée par le Port musée de Douarnenez depuis février 1982. Par l’exemple très concret du people boat de Douarnenez, authentique bateau de mémoire du 20ème siècle, l’exposition évoque les migrations de populations par la mer, par bateaux, entre terre quittée et terre d’accueil, bateau-refuge et navire-asile, individus et masse, anonymat et médiatisation. Mobilisation et engagement civique. Cette exposition, en montrant une réalité historique, rappelle l’un des objectifs du projet culturel des Champs Libres : la formation de la conscience citoyenne, déjà présente avec l’exposition permanente du musée de Bretagne sur l’affaire Dreyfus. La mobilisation autour d’une cause, l’engagement civique, sont des thématiques privilégiées des Champs Libres.
Un sujet sociétal brûlant
La migration de populations par la mer, par bateaux, entre une terre qui est quittée et un pays encore inconnu est un phénomène particulièrement fréquent dans l’Histoire des hommes. Aujourd’hui encore, ces flux migratoires sont extrêmement d’actualité sur plusieurs points du globe. Ils sont massifs comme jamais. L’éclairage historique. Parce qu’ils subissent des oppressions militaires, religieuses, politiques, économiques, des centaines de milliers d’hommes et de femmes deviennent des boat people. Ce phénomène est universel et ancestral, depuis les Celtes de Bretagne tentant de gagner l’Armorique, les Anglais prenant la mer pour l’Amérique ou l’Australie, les Juifs s’embarquant pour la Palestine, les Cubains et les Haïtiens souhaitant rejoindre la Floride, jusqu’aux Sénégalais espérant atteindre le continent européen. Ces évènements restent liés, au début du 21ème siècle, au souvenir du grand exode indochinois, notamment après la victoire du Vietnam du Nord en 1975. Ce sujet précis contient toutes les caractéristiques liées aux migrations des réfugiés avec, ici, en particulier, le passage par la mer entre deux terres, le bateau devenant le vecteur de la traversée vers une autre existence. Le musée de Bretagne est particulièrement bien placé pour se saisir de cette problématique. Ce musée de société est en effet un lieu où l’on souhaite que l’Histoire éclaire le présent et permette au grand public un recul, une réflexion que n’offre pas toujours l’actualité. Légitimité régionale. Outre la possibilité offerte par l’exposition d’évoquer les droits de l’homme, la solidarité internationale, l’engagement de la presse dans l’action humanitaire, les enquêtes réalisées au cours de la programmation scientifi- que ont mis en lumière le rôle prépondérant des marins bretons dans les programmes humanitaires. N’est-ce pas une vocation des marins d’être Inscrits maritimes français et marins de circonstances, parfois tragiques ? Pour tous les publics Lieu de rencontre de toutes les générations et de la curiosité partagée, l’exposition s’adresse à un large public : familles, étudiants, universitaires, voyageurs, marins ou simplement citoyen concerné.
Vers la mer passage
Atteindre la mer pour fuir une terre meurtrie, aller vers la mer passage, c’est le sujet de cette séquence. L’entrée de l’exposition est totalement dépouillée de collections et uniquement animée par des bruits, qui sont l’expression sonore d’images de guerres, de conflits, de dictatures (hélicoptères, rafales, cris, verrous et portes qui ferment en claquant...). Dans cet univers oppressant apparaît la proue d’un sampan, bateau refuge des boat people vietnamiens au début des années 1980.
Gens des bateaux
Le phénomène boat people, tel qu’il a existé de manière paroxysmique dans le dernier quart du 20ème siècle en mer de Chine, n’est plus d’actualité. En revanche, le terme inventé à cette époque subsiste. Ils sont des dizaines de milliers de gens des bateaux, aujourd’hui, sur tous les océans du monde ; balseros cubains, pateras à Gibraltar, kwassa-kwassas au Comores... Une vingtaine de grandes photographies récentes, associées à une mappemonde et à des extraits sonores, nous rappellent la permanence de ce phénomène et l’existence de ces gens des bateaux en Atlantique, dans l’océan indien, en Méditerranée, dans les Caraïbes.