BERGGER S.A. 4 RUE DES FILLES DU CALVAIRE 75003 Paris France
NEW YORK // PARIS // BERLIN
Exposition // 5 novembre au 31 décembre 2009
Vernissage // mercredi 4 novembre 2009 // 18h-21h
L’Espace BERGGER, après avoir accueilli des photographes internationaux confirmés et émergents parmi lesquels Willy Ronis (photographies en couleurs inédites), Stephen Schaub, Mehmet Kismet, présente les œuvres de trois jeunes photographes dans le cadre de l’exposition « NEW YORK // PARIS // BERLIN » qui se déroulera du 4 novembre au 31 décembre 2009. « La ville permet de voir sans être vu et d’être vu sans voir » (Serge Daney, Extrait de l’Ouvrage Collectif Cités Cinés) Cette nouvelle exposition regroupe le travail de trois jeunes artistes photographes réunis autour de trois vil- les internationales : NY sous le regard d’Emmanuelle Tricoire, Paris celui de Serge Ricco puis Berlin revisité par Barbara Bouyne. Leurs œuvres proposent de découvrir leur vision personnelle sur les singularités de
NY // Emmanuelle Tricoire
Le New York d’Emmanuelle Tricoire résulte de son projet « NewYork Fuckin’City » sur la jeunesse et l’énergie newyorkaise. De ses nombreux allers-retours enrichis par de multiples rencontres du milieu « street » (du Bronx à Harlem), Emmanuelle aborde la grosse pomme par une bouffée de « hustlin » et réinvente la ville par son regard incisif et maternel.
PARIS // Serge Ricco
Les oeuvres de Serge Ricco sont le fruit d’un projet de plus de trois ans, la « Pic Of The Day », observatoire de nos « petits moments » de la vie quotidienne souvent désuets, parfois caustiques, une trace abstraite d’évènements et d’émotions.cSes photographies de scènes parisiennes évoquent avec humour et une certaine nostalgie, un monde intemporel où les clichés côtoient la poésie.
BERLIN // Barbara Bouyne
Barbara Bouyne explore Berlin sous la forme d’une installation photographique: une recherche du détail dans la grandeur et le monumental que peut offrir la ville de Berlin. Sa collection acidulée de « kaugummiautomat » (boîtes de bonbons qui décorent chaque coin des rues berlinoises) évoque l’émergence d’une ville artistique dont la pluridisciplanité culturelle en fait la plateforme incontournable de la scène underground.
Cette exposition est réalisée en partenariat avec PICTO, agence de tirages photographiques.
EMMANUELLE TRICOIRE // PORTRAIT //
Née en 1983, Emmanuelle a étudié la photographie à Paris et New-York. Elle vit et travaille entre Paris et New York. Dehors de briques. Les nuages s’emmêlent, touillés au vent glacial au dessus de Brooklyn. Emmanuelle
décroche le regard pour suivre un son de Biggie que lâche un autoradio, puis redescend dans les profondeurs de l’objectif de sa boîte noire en même temps que la voiture s’éloigne. Elle tourne la manivelle, lentement. L’œil concentré sur l’étendue des nuances. Devant elle, le mec tire une longue taffe, la sape ample, chaque geste s’étend dans une pose factice et molle. Emma prend le temps. Elle sait que d’une seconde à l’autre le type baissera la garde, un bref écart de vulnérabilité qu’il lui faudra saisir. Comme un choc imminent. Emma entrouvre les lèvres, les mains fondues sur son Mamyia 645. Elle filtre le monde au givre de l’argentique. Là comme au ralenti, le mec écrase sa clope sur le mur. Ses tatouages s’articulent comme s’ils étaient vivants sur la peau. Le corps raconte son histoire, langage muet de la chair noircie de confidences. Là qu’il se donne doucement. Ça lui crève le regard. Et tout se scinde. Tout se divise. Quelques secondes à peine, Emma écarte le néant d’un côté puis de l’autre. Elle n’entend plus rien que ce souffle qui lui remplit le corps, et les battements du cœur qui remplissent sa poitrine. Le miroir de l’appareil claque une première fois. Un gros bruit de mécanique, comme on l’entend que dans les vieux films. La manivelle encore. Le type se remet droit, comme de se ressaisir. Emma sourit. Elle ne cherche à voler l’âme de personne, juste à ce qu’on lui donne. (...)
Dans les salles obscures des cinémas, seule devant sa télé, en vadrouille dans la rue. Sans répit, sa vie calquée sur cette quête. Chercher la faille à la surface des gens. L’image partout et de mille façons, son œil comme un instantané immense de la fugacité des choses. Fallait saisir la bascule, le fragile, ce millième de seconde de vérité décelable. Elle l’a trouvé dans le hip hop. Cette culture de la rue. Véritable et sans fard. Comme une pensée nue. Saisie par la beauté d’un clip de Mos Def, Emmanuelle brise le cocon et se révèle en MsFatBooty, dont elle arbore depuis fièrement les armes. A 25 ans, la jeune photographe est restée libre. Libre de ses nuances, comme un territoire à défendre, le luxe de ne pas choisir son camp pour en garder l’étendue. Le reste c’est le parcours d’une photographe unique à l’œil millimétriquement juste : de stages à New York, sa ville d’adoption, à l’EFET de Paris, elle apprend à maîtriser son art et à le préciser. Des rencontres assurément constitutives, de multiples collaborations dans la presse (The Source fr, Groove, Muteen etc… ), des expositions (à Paris, Berlin, New York), puis la mise en image d’artistes uniques et singuliers à travers des covers d’albums indé, achèvent de transformer la belle, sans l’éloigner d’elle-même, bien au contraire. Elle se souvient oui, comme il a fallu faire : rester droite, fière et sincère, pour conserver ce pouvoir sur l’image et être capable de recevoir l’âme des autres en soi. Elle prend une nouvelle photo. La gueule défaite du type crache une humanité dingue. (...) Cette fois elle a eu ce qu’elle voulait, le regard authentique de la rue sur le monde. Le mec en face se rallume une cigarette et sort un téléphone portable de sa poche. Une sirène de police cogne dans les tempes. Emma s’en amuse. C’est l’énergie qu’elle aime. La musique qui s’échappe d’une fenêtre l’enveloppe doucement. Demain elle reprendra l’avion, pour se blottir dans les habitudes de son quartier, à Bastille. Ici, là bas. C’est du pareil au même. Emmanuelle Tricoire, son studio à elle, c’est la rue. Dans son sac à main de fille elle abrite son appareil photo et ses pellicules. C’est tout ce qui lui semble essentiel. La seule chose dont elle ait besoin, oui.
Antoine Dole
SERGE RICCO // PORTRAIT //
Né en 1970 à Le Coteau. Il étudie à l’École Estienne avant de devenir directeur artistique à Télérama. Ses peintures, dessins et illustrations sont représentés à la Galerie des Arts Graphiques, Paris. Il vit et travaille à Paris. Le Paris de Serge Ricco, nous l’avons tous croisé du regard, à un moment ou à un autre, mais nous l’avons sans doute oublié… Lui, nous le rappelle en volant des images de cette ville avec un œil particulièrement fin et instinctif. Les thèmes de l’absence, de la solitude et du désir s’enlacent dans un cadre d’une précision déroutante, lorsque l’on sait que ce voyageur urbain ne se fie qu’à son instinct. Rien n’est prémédité, tout est vif et découvert au hasard. Son œil est aiguisé par un parcours ambitieux et riche, mais surtout par une curiosité et une sensibilité rare, presque innocente. Tel un chercheur dans un laboratoire, il se prend de passion pour tous les arts : graphisme, peinture, musique, cinéma, journalisme, photographie, rencontres humaines…Serge Ricco saisit l’occasion en chaque rencontres réelles ou littéraires avec de célèbres artistes du monde entier, de s’enrichir de leurs parcours professionnels ou intimes. Car ce qui le passionne aussi avant toute chose est l’être humain et ce qu’il raconte de sa présence et de sa construction dans ce monde. Il a sans aucun doute ce plaisir là, aussi, celui du regard du cinéaste, de créer dans le plaisir et la beauté de l’image une histoire, une sensation de mouvement dans le temps. Les photographies de Serge sont le miroir de son principe : la vie surgit en chaque mouvement, chaque regard, chaque posture, à chaque changement de lumière. Aussi il s’agit de se laisser surprendre ; par le mouvement de la ville et la circulation de la population. Une vision on ne peut plus moderne, des états d’âmes actuels dans les rues de Paris. Il met en « éveil » des détails solitaires mais non moins mariés et ouverts au regard de tous. Dans ce tourbillon des oublis, aucune image ne ressemble à l’autre, tout est mouvant, émouvant et précieux quand pour le simple passant, tout semble anodin, habituel, certain et absurde. Serge s’amuse. Il « pique » comme un jeu d’enfant, nos absences dans le rythme de la ville, nos instants silencieux au milieu du bruit. Comme pour marquer l’observation d’un vent violent de vie dans ce qui nous paraitrait superflu. Le désir délicat de nous rappeler à l’émotion, sous les masques de nos propres contraintes sociétales et illusoires.
Cassandre Manet
BARBARA BOUYNE // PORTRAIT //
Née en 1976. Elle étudie l’architecture puis la photographie à l’Ecole Louis Lumière. Elle vit et travaille à Paris. Longtemps assistante photo sur des plateaux pour de photographes, elle continue son parcours à la direction
artistique d'une agence de communication. Aujourd'hui photographe indépendante, Barbara collabore dans de nombreux magazines. Elle a réalisé plusieurs séries sur L'Islande, les Etats-Unis, l’Argentine, Berlin, St
Petersbourg. Portraitiste pour la presse et la communication, Barbara Bouyne poursuit un projet photographique très per- sonnel sur la ville et ses multiples facettes. De ses études d’architecture, elle a gardé le goût et la fascination de l’urbain, qu’elle explore en ses moindres fragments. Le plus souvent armée de son polaroid SX70 qui ne la quitte jamais, elle ne cherche pas la perfection d’un cadre, mais plutôt les accidents et les surprises. Collectionneuse d’instants de la vie de la cité, Barbara recueille des instantanés d’émotion, comme cueillis au hasard de ses déambulations.