Arturo Cerdá y Rico
La Fontaine Obscure Impasse Grassi 13100 Aix-en-Provence France
Musée des Tapisseries Place des martyrs de la Résistance 13100 Aix-en-Provence France
REGARDS CROISÉS : « GRENADE – AIX en PROVENCE»
Au Musée des Tapisseries
Vernissage le Jeudi 12 Novembre à 18h30.
A l’occasion du 30ème anniversaire du jumelage de Grenade et d’Aix en Provence, la Fontaine Obscure rend hommage à des artistes qui ont photographié leur ville respective en des temps où cette pratique était affaire d’initiés : Arturo Cerdá y Rico, photographe passionné qui a montré Grenade et sa région au début du 20ème et la famille Ely qui a « couvert » en quatre générations de photographes la ville d’Aix en Provence pendant ce même siècle. Dans les deux cas, de telle pratiques aboutissent à la constitution de fonds d’images qui prennent toute leur valeur avec le recul du temps.
L’idée d’exposer conjointement de telles images permet tout d’abord de montrer des lieux familiers à une époque que les visiteurs n’ont pas forcément connu. Chaque photographie, prise individuellement dans un premier temps, peut être considérée comme un document historique, comme un vecteur de connaissance de ce qui a été et qui ne sera plus.
L’intérêt découle aussi de la proximité et des rapprochements possibles. De leur exposition commune, il se dégage de ces images une ambiance, un parfum du temps différent selon que les images traitent d’Aix en Provence ou de Grenade, qui procure ce plaisir d’une curiosité mêlée de mélancolie.
Et au-delà de ce plaisir, cette exposition croisée permet aussi de s’interroger sur la diversité des regards et des projets qui ont présidé à la constitution de tels trésors patrimoniaux.
Arturo Cerdá y Rico photographie la vie des habitants de sa région avec la conviction qu’il y a là un monde qui va disparaître. C’est donc avec l’intention de fixer cette réalité et d’en garder une trace pour l’avenir qu’il s’attache à immortaliser les gens dans la rue, les paysans aux champs. Reportage ethnographique et social que l’on retrouve dans ses photographies des petits métiers qui font penser à Atget.
Mais contrairement à la relative objectivité de ce dernier, Cerdá fait preuve d’une intention esthétique dans le traitement pictorialiste de ses sujets. La photographie met la modernité à l’écart, fige pour la retenir telle quelle une Grenade forcément heureuse dans un temps immuable.
A l’inverse, c’est la modernité qui apparaît à l’origine du projet photographique d’Henri Ely le photographe comme témoin des changements du monde et qui en porte témoignage. Le lien s’établit de lui même avec une photographie d’information et la famille Ely va fournir durant des décennies des photographies à la presse locale. Pratique commerciale quotidienne faite de moments, d’instants, de tranches de temps qui, mis bout à bout, vont constituer après un siècle d’exercice, une chronique extrêmement riche de la vie aixoise dans son mouvement.
Ainsi le projet patrimonial est présent dès l’origine de la pratique de Cerdá alors qu’il s’élabore au fil du temps et semble plutôt être, chez la famille Ely , l’aboutissement d’années de travail assidu. Conceptions différentes de la photographie qui sont une des clés permettant d’aborder plus globalement les œuvres spécifiques de ces grands photographes.