Galerie Photo des Schistes Caveau des Vignerons de Cabrières 34800 France
La fascination du métro (U-Bahn), monde clos du mouvement sous terre, de l’aller et venu, secondes de pause dans l’anonymat de la grande ville.
Günter Hoffmann photographie des stations de métro dans toute l’Europe et nomma la série “moment meets motion” . Ce qui est étonnant, c’est la similitude du sujet, alors que la localisation n’est pas d’emblée évidente, comme c’est le cas de prises de vues urbaines ordinaires.
Que ce soit en Europe du Nord ou du Sud, le monde souterrain se montre volontiers clair - voire même criard – et coloré, en lutte contre la « tristesse urbaine », ou autrement dit, contre la construction en béton simple, nue et froide d’une énorme performance technique moderne.
Pourtant, il y règne malgré tout une certaine stérilité, une impersonnalité des stations. Certes, des murs carrelés multicolores crient contre la désolation du quotidien, mais contribuent en même temps à cause de leur propre structure superficielle à une certaine froideur clinique.
Vient alors le « moment »- un plaisir généralement de courte durée – la rame arrive, instant captivant. Soudain, le mouvement entre dans l’image. Le soulagement des voyageurs sur le quai est sensible. Ce n’est qu’un instant d’arrêt fugitif et le train se remet en mouvement.
Ce déplacement rapide, à peine perceptible à l’oeil nu, s’oppose à la rigidité existentielle des stations.
Dans ses photographies, Günter Hoffmann réussit à exprimer cette dualité : il montre d’un côté la beauté de l’architecture de gare dans son état perpétuel d’excessif refroidissement
tout comme l’esthétique d’un instant unique.
Ce qui fascine en lui c’est la soudaineté du mouvement, l’instantané fugitif d’un événement. On peut parfaitement s’imaginer entre ces clichés l’agitation fébrile de la grande cité puis le retour soudain du calme. L’homme dans le métro reste anonyme. Il apparaît presque
comme perdu sur le quai. Pas de communication.
Günter Hoffmann aime observer, il prend le temps pour ses photographies et attend précisément le bon moment. Sa position de déclic préférée est la perspective centrale, elle dispense aux images une symétrie séduisante. Les photos rappellent les filmes de science fiction, on a l’illusion de plonger dans des sphères futuristes.
Le regard incertain dans l’obscurité du tunnel soulève des questions : d’où venons-nous et où voudrions-nous aller ? C’est précisément à ce moment-là qu’on se trouve ici, entre acte et action (faire et agir) proprement dit, sur le chemin vers quelque part. Dans le présent. En attente et condamnés à la passivité.
Heureux que ça reparte enfin. Le regard perçant du photographe force l’admiration. Que ce soit dans des stations en Allemagne, Italie, Espagne ou au Portugal, il trouve partout des motifs captivants qui répondent à l’exigence du dilemme entre la froideur de l’architecture et la douce fluidité du mouvement. Dans ce contexte, la présence humaine dans les photographies est présentée de façon variée. Parfois, c’est une personne à elle seule qui confère à l’image ce quelque chose d’indéfinissable. Günter Hoffmann satisfait au mieux la haute ambition technique du photographe d’apporter dans ses compositions non seulement des rapports de lumière exacts et des nettetés vivantes mais également des flous intentionnels (voulus). Il maîtrise son art.
Birgit Biechele, Munich le 25 octobre 2008
Vernissage : Samedi 7 novembre à 18h