50 écrivains, journalistes, poètes, chantres de la mer, ont laissé libre cours à leur imagination pour commenter les photos de marins pêcheurs de l’artiste Catherine Le Goff, le résultat : un livre magique en monochrome qui s’interroge sur l’avenir des pêcheurs.
Charles Aznavour, Alain Souchon, Bernard Giraudeau, Pierre Louis Castelli, Patrick Poivre d'Arvor, Janine Boissard, Irène Frain, Hervé Bellec pour ne citer qu’eux ont accepté de rédiger des légendes exceptionnelles à ces photos qui offrent une vision très poétique au rude univers de la pêche. Chaque image raconte une histoire, un fragment de vie, un morceau d’écume. L’hommage d’un photographe a un métier qui a beaucoup inspiré et qui vit peut-être ses dernières années. Un ouvrage préfacé par l’Ancien Ministre de la Mer, Louis Le Pensec.
Questions -entre terre et mer- à Catherine Le Goff
Comment vous est venue l’idée de cet ouvrage photographique ?
Finistérienne, j’ai un rapport très fort à la mer. Pendant toute ma jeunesse, j’ai vécu les pieds dans l’eau. Bien que ma famille soit « terrienne »- il existe deux mondes en Bretagne : celui de la terre et celui de la mer- j’ai toujours eu envie de côtoyer les marins. Le marin, c’est l’inconnu, le grand large. Il monte sur un bateau qui part à l’horizon et après que devient-il ? Que se passe-t-il à bord ? Que deviennent les âmes en mer ? Sont-elles les mêmes qu’à terre ?
J’ai mis 20 ans et quelques rides avant d’oser mettre un pied à bord d’un bateau de pêche. Je m’étais fixée Brest 08 pour débuter l’exposition. Il m’a fallu deux ans et 5 embarquements pour rassembler 57 photos et les textes des passionnés de la mer.
Avez-vous trouvé les réponses à vos questions sur le devenir de ces hommes en mer ?
Non, et au final, je ne suis pas sûre qu’elles se posent. Ils répètent leurs gestes inlassablement avec un courage hors du commun. C’est un des plus durs métiers au monde, peut-être qu’un jour il n’existera plus.
Pourquoi avoir voulu ajouter du texte aux photos ?
Ces photographies sont silencieuses. Trop à mon goût. Je voulais qu’elles racontent une histoire, qu’elles soient apprivoisées par d’autres mains, d’autres yeux. Comme j’adore les romans – une autre passion de jeunesse - j’ai eu envie de faire appel aux écrivains. Un livre pour moi c’est un rendez-vous amoureux, un dépaysement. Je ne suis plus dans mon lit, je suis au milieu des protagonistes, je trime et je trinque avec eux.
Avez-vous eu une préférence pour un livre ?
Non, tous m’ont fait vivre de grandes émotions. D’ailleurs je n’ai contacté que les auteurs dont les ouvrages m’ont fait chavirer. J’ai mis deux ans à les trouver et à tout lire : autant dire que j’ai fait le bonheur des bouquinistes !
Comment avez-vous choisi les photos ?
Selon un ressenti, un cadrage ou une lumière. Pour la photo d’Irène FRAIN par exemple, il y avait trois clichés sous le même angle mais une seule dont le filet captait la lumière. J’aime beaucoup les photos où l’on ne sait plus où l'on se trouve, à l’intérieur ou à l’extérieur. Elles sont entre deux mondes comme celle pour le comédien et metteur en scène Sidney BERNARD. Je voulais que ce soit lui qui la commente. Lui qui a monté avec sa troupe « le Krakène »,« 20 000 lieues sous les mers » à la Cité des Augustes à Brest.
Comment ont réagi les auteurs ?
Ils ont répondu présents et je les en remercie parce qu’ils ne me connaissaient pas. C’est une belle preuve que la confiance existe encore. Ils n’ont pas fait de commentaires, mais ce qu’ils ont écrit est une belle réponse en soi. Le résultat est très beau. Ils m’ont gâté, c’est un très beau cadeau. De mon côté, j’aimerais que les textes qu’ils m’ont écrits donnent envie à ceux qui viennent voir l’exposition de se plonger dans leurs romans !
Vous avez connu beaucoup de difficultés pour trouver des embarquements, pourquoi ?
J’ai eu plus de refus de pêcheurs que d’écrivains !
En fait, il y a deux difficultés : Le fait d’être une femme et la multiplication des accidents qui ont conduit les marins à ne plus accepter de « touristes » à bord.
Une femme à bord c’est un mauvais présage, une superstition qui persiste à travers les âges. J’ai réussi à embarquer grâce à des intermédiaires qui nous mettaient en relation.
Et après ?
En plus de la sortie du livre, je m’occupe de faire tourner l’exposition idoine. Lancée pour Brest 2008, elle voyage entre médiathèques et festivals.
Le livre paru aux éditions Husson est vendu dans les librairies au prix de 30 €.
EXTRAITS
« Souvent début février, je pense à ces gens de St Guénolé… » Alain Souchon
« C’est un taiseux comme Eric TABARLY…. » Patrick <Poivre d’Arvor
« Si tu ne sais pas où tu vas, dans cette nuit noire, sache au moins d’où tu viens » Jo Le Guen
« La mer est la compagne de l’horizon qui se cherche et ne se trouve jamais » Charles Aznavour
SOMMAIRE:
1/Embarquement sur « Azur » à Loctudy
Légendes de : Jean Bulot, PPDA, Jean Failer, Guillaume Moingeon, Janine Boissard, Hervé Bellec, Karine Fougeray, Jean-François Coatmeur, Irène Frain, Christophe Agnus, Joseph Coïc, Fabrice Paulus, Henri Dès, Sydney Bernard
2/Embarquement à Quiberon sur « Jagap »
Légendes de Jo Le Guen, Jean-Jacques Antier, Christophe Guigueno, Jean Chocun, Anne Quéméré, Olivier Roellinger, Jooël Raguenes, Michel Girin
3/ Embarquement à Sète sur le « Massabiel II »
Légendes de : Anne Noury, ; Gaëlle Nohant, Pierre-Louis Castelli, Isabel Brancq-Lepage, Brigitte Copin, Georges Tanneau, Cécile Poujol, Pol Corvez, Christiane Rosset, Catherine Chabaud, Charles Azvanour
4/Embarquement du « Avel an heol » au Guilvinec
Légendes de Maurice Pommier, Emmelene Landon, Natacha Fradin, Michel Jolivet, André Thomas, Pascal Bresson
5/ Embarquement sur le « Flavie Geoffrey, Laurine » à Dinard
Légendes de Patrick Mouton, Yves Pinguilly, Serge Lama, Alain Souchon, Laurence Clauss-Bridel, Carl Norac, Romain Vergé, Claude-Youenne Roussel, Sylvie Baussier, Bernard Giraudeau, Jean-Etienne Frère