Orangerie du Domaine de Madame Elisabeth 26, rue Champ Lagarde 78000 Versailles France
Entre 2003 et 2006, Thierry Girard a accompli un voyage de 6.000 km entre la province du Henan et celle du Yunnan, à l'extrême sud-ouest du pays. Sur les traces d’une mission archéologique menée 90 ans auparavant par Victor Segalen et Augusto Gilbert de Voisins, il a fidèlement suivi le carnet de voyage Feuilles de route et le roman Equipée – Voyage au pays du Réel de Victor Segalen.
Avec le projet photographique Voyage au pays du réel, Thierry Girard souhaite « actualiser ce parcours, s’inquiéter de la Chine d’aujourd’hui, prendre en compte les 90 ans d’Histoire qui nous séparent du voyage originel. Il s’agit aussi de suivre un itinéraire singulier selon un principe de travail déjà à l’œuvre dans nombre de projets précédents (La Route du Tôkaidô, D’une mer l’autre etc.). »
Les photographies présentent des paysages qui rappellent de manière décalée ceux de la peinture classique chinoise. Des saynètes urbaines côtoient un monde à la fois flottant et figé. Les vestiges archéologiques restent également présents, rappel quotidien de Segalen.
Au fil du voyage, Thierry Girard s’est détaché de ses prédécesseurs pour entrer en empathie « avec l’humanité chinoise, ce petit peuple des villes et des campagnes saisi au seuil d’on ne sait quel destin, dans un moment décisif de l’histoire de ce pays, (…) qui me permet d’être plus proche des gens (…), quitte à ce que les images soient parfois plus âpres ; car telle est souvent cette Chine intérieure, loin des artifices et des mirages des grandes métropoles, loin aussi des images convenues d’une Chine pittoresque. »
Parfois, bonheur d’un bref moment épiphanique, « Ce qu’écrit Segalen correspond miraculeusement à ce que j’ai alors sous les yeux, et l ‘émotion est d’autant plus vive et intense qu’il ne s’agit pas simplement de rencontrer le lieu d’un autre par la seule vue, qui peut être distante, mais de le vivre pleinement de tout son corps et son esprit, comme si soudain, la frontière du temps s’était abolie. »
