Galerie Carré Amelot 10 bis, rue Amelot BP 309 17013 La Rochelle France
Photographies de Didier Ben Loulou
Tirages au charbon réalisés par l’Atelier Fresson.
« Etre à Jérusalem c'est un peu se sentir dans l'oeil du cyclone, au centre d'une mosaïque humaine, au carrefour de toutes les convergences et de toutes les divergences.
Cette ville me fascine autant qu'elle m'interroge sur la foi, les mythes et l'histoire.
C'est pour moi un territoire d'exploration sans fin.
Jérusalem est une ville multiple, trois fois millénaire et trois fois sainte dont l'épicentre est le lieu par excellence où se confrontent deux mondes:
la Jérusalem terrestre et la Jérusalem céleste.
J'essaie de reconstituer, par séries d'images, le conflit millénaire et apparemment sans issue, auquel cette ville est confrontée.
La photographie devient ici l'instrument d'une reconstitution exigeante sur le territoire de l'origine du mythe et de l'histoire...
Cette recherche photographique ne se veut surtout pas un reportage et encore moins un document distancié ou typologique; mon propos est de jouer des pluralités mêmes du lieu, pour mieux le déconstruire en essayant d'entrevoir le récit originel des gestes et des sacrifices.»
Didier BEN LOULOU, Paris Photo n° 14/15
« Quand je me suis installé à Jérusalem en 1993, je voulais travailler sur cette ville et en dessiner une véritable géographie intime et mentale.
Pendant plus de 15 ans, chaque jour, j'ai fait des images à l'intérieur de la vieille ville.
J'ai essayé d'articuler et de tisser entre elles différentes séries : les visages, les lieux, la famille, les lettres.
C'est dans une sorte de vertige que j'ai pu bâtir mon oeuvre en ressassant les mêmes ruelles, cours, pierres, murs.
Il y a évidemment eu des moments difficiles, la violence, les attentats, l'intifada...
Mon approche était aussi risquée que celle d'un reporter, moins l'allégresse de pouvoir passer à autre chose ensuite...
Didier BEN LOULOU , Images magazine, n°17- 2006
Il est des cités écrasées sous le poids de leurs mythes ou d'une histoire aux allures de catafalque.
Jérusalem est de celles-là, à laquelle, pourtant, il est toujours demandé de se conformer aux standards des chromos, monuments éternels, quidams avenants, orientalisme de pacotille et ciel éclatant.
Le Jérusalem de Didier Ben Loulou, limité à ses quartiers enserrés dans les murailles de Saladin, est bien différent.
Tout en ombres et en gros plans.
De cet univers segmenté à l'extrême, où chaque pavé fait l'objet de stratégies de conquête rivales, le photographe fait un tout de signes et de silhouettes sombres, parfois transfigurées par une main, un regard, forcés à l'infini. C'est ainsi un Jérusalem inédit qui s'installe et qui se dévoile.
Inattendu et terriblement humain s'agissant d'une ville que l'on peut juger trop souvent possédée par le divin.
Il ressort de cette quête patiente, échelonnée sur près d'une quinzaine d'années -
il a pratiquement fallu le même temps pour que Didier Ben Loulou achève un travail similaire sur Jaffa -, un sentiment de dureté et de tension qui sont la vérité de cette ville.
Gilles PARIS, Le Monde 2, 15 octobre 2008