L'œuvre du photographe japonais Shoji Ueda occupe une place singulière dans l'histoire de la photographie du XXe siècle. Diplômé de l'Oriental School of Photography de Tokyo, il décide d'ouvrir son propre studio. Très impliqué dans l'animation des photo-clubs et aimant partager sa passion, Ueda préserve cependant, sa vie durant, une farouche indépendance esthétique, se tenant à égale distance du courant post-pictorialiste et des avant-gardes. Remarquées à la fin des années 1950 par Edward Steichen, ses photographies figurent en bonne place dans la fameuse exposition que celui-ci consacra, en 1960,
à la photographie japonaise au musée d'Art moderne de New York. Prophète en son pays, il bénéficie d'un grand prestige dans l'histoire des arts plastiques japonais : le musée Ueda de Kishimoto, totalement dédié à son activité artistique, s'est ouvert en 1995 au pied du mont Daisen. Sa vision, dans laquelle le monde de l'enfance tient une place essentielle, possède une formidable puissance onirique, dont l'indéfinissable dépouillement parait procéder d'une quête presque ascétique de la rigueur graphique.