Istituto Italiano di Cultura 50, rue de Varenne/73, rue de Grenelle 75007 Paris France
Le dialogue entre Antonio Biasiucci et Oreste Zevola représente, dans le cadre des « Visages de Naples » la rencontre féconde entre deux artistes, entre deux amis, entre deux visages de la culture napolitaine : le sacré et le profane.
Deux éléments qui, dans la culture napolitaine, ne s’opposent jamais; intimement imbriqués, ils plongent leurs racines dans l’histoire, dans la philosophie, dans la mythologie de cette ville.
Comprendre Naples implique donc de se confronter constamment avec ces deux aspects. Biasiucci évoque, avec ses ex voto en noir et blanc, une sacralité profane, un monde d’ombres, d’esprits, qui nous ramène à la nature humaine et au sens profond de la vie; Zevola, avec ses figurines d’un blanc aveuglant, nous parle du mythe et d’une sacralité payenne, où les dieux sont des hommes, des femmes, des animaux, animés par des sentiments qui nous renvoient, comme dans un jeu de miroirs, aux images de Biasiucci.
Un hommage à une culture qui se nourrit de son histoire et de sa mémoire puisant dans ce sodalice son langage et sa créativité uniques.
Rossana Rummo
Directrice de l’Istituto Italiano di Cultura de Paris
Ex Voto d’Antonio Biasiucci
Le Banquet de Saturne d’Oreste Zevola L’exposition réunit deux artistes napolitains réputés et qui s’expriment dans des langages différents : la photographie et la céramique. Mais leur création se développe en référence à des contextes qui ne sont pas tout à fait étrangers l’un à l’autre : le religieux, s’agissant des ex-voto, et la mythologie qui inspire le « Banquet de Saturne ». Les figures qu’Antonio Biasiucci s’approprie et celles qui sortent de l’imagination d’Oreste Zevola se rejoignent par le fait qu’ils opèrent tous deux sur des registres proches du rituel et du sacré. D’autre part, les artistes abordent de façon plus ou moins littérale le thème du temps, à commencer par le théâtre imaginé par Oreste Zevola et qui se nourrit du mythe de Chronos-Saturne. Enfin, le dialogue plastique que l’exposition instaure entre les deux oeuvres, en particulier sur le mode du noir et blanc, contribue encore à les rapprocher : Antonio Biasiucci cultive des noirs très denses, sublime la lumière qui se reflète sur les pièces de métal constituées par les ex-voto et met en valeur leurs formes subtiles. Tandis qu’Oreste Zevola crée des figures d’un blanc éclatant et qu’il dispose sur une surface d’un noir profond. Gabriel Bauret
Commissaire de l’exposition
À propos d’Ex Voto
« Si je n’avais pas visité la chapelle dédiée à Giuseppe Moscati dans l’église du Gesu Nuovo à Naples, je n’aurais probablement jamais décidé de photographier des ex-voto. Cette chapelle est un lieu très particulier, presque insensé, et dans lequel les murs sont recouverts de centaines de petits cadres, chacun d’eux renfermant une histoire que l’on reconstitue à partir d’une forme en argent. Cette forme incarne à la fois la synthèse et l’essence même du destin d’un être humain. Elle concerne des personnes touchées par la grâce et qui confient leur histoire à leur saint ; la pièce de métal est ainsi transformée en un membre d’une étrange compagnie de théâtre donnant une représentation de la vie réduite à son expression la plus simple. Et c’est dans cette représentation que chacun de nous se retrouve et peut communier avec le lieu. Mon travail sur les ex-voto prend de ce fait l’aspect d’une recherche aux résonances autobiographiques. Si les figures mêmes de ces ex-voto dessinent le parcours d’une vie, le livre qui réunit ces figures devient en soi un ex-voto. »
Antonio Biasiucci
« Ex-voto d’argent pour autant de guérisons sur ces parties du corps exposées et offertes. Des pans de murs en sont couverts dans des églises, une marqueterie d’ex-voto, comme les membres épars d’un peuple qui se reconnaît dans les douleurs qui l’unissent. »
Jean-Noël Schifano