Odile Brault
Alors que le rythme des voyages organisés impose aux touristes des visites "au pas de course" et des vues "instantanées", j'ai eu la chance de pouvoir rester assez longtemps en Egypte... et me poser pour photographier en utilisant un procédé dit alternatif, le sténopé.
Dans ce travail, la prise de vues inscrit et condense au moins trois temporalités :
Celle d'une Egypte dite "éternelle" et vendue comme telle sur le papier glacé des catalogues des tours opérators. l'Eternité consommée paradoxalement dans l'urgence.
Celle de la prise de vue lente, très lente, si lente que s'effacent les sujets en mouvement ; seuls restent ceux qui posent ou se posent, le reste n'est que trace.
Enfin, celle du spectateur car les monuments ne sont en réalité que le décor où se joue la « collision des temps ». Les accidents de lumière, le vignettage important, la matière granuleuse ou encore l’apparition de numéros des films sur l’image, etc sont autant d’éléments qui contrecarrent une appréhension immédiate de la réalité, invitent au rêve et proposent « un regarder autrement ».