Istituto Italiano di Cultura 50, rue de Varenne/73, rue de Grenelle 75007 Paris France
Les visages de la banlieue nord de Naples pris en photo par Norma Rossetti sont très puissants.
Les lieux de cette banlieue rassemblent à ceux de mille autres banlieues du monde : des lieux inhospitaliers, délabrés, où au regard du citoyen commun s’est concentré le pire de l’architecture urbaine. Ce sont des lieux qui hébergent ceux qui aujourd’hui, avec un euphémisme insupportablement absolutoire, sont définis comme étant « les moins chanceux » et qui, comme tels, assument inexorablement les caractéristiques du lieu où ils habitent. Scampia, banlieue nord de Naples, est devenue le lieu- symbole de la dégradation des banlieues.
Elle aussi est, à tort ou à raison, un visage de Naples. Pourtant dans les images de Norma Rossetti, en couleurs, on aperçoit quelque chose de plus, qui dépasse le reportage et la dénonciation : dans les visages de femmes, d’enfants, de jeunes, de personnes âgées, il y a une vitalité qui, envers et contre tout, demande un changement, qui veut se raconter avec ses contradictions, ses misères, ses excès, ses drames, ses intérieurs almodovariens et ses extérieurs désolés. C’est cette capacité de saisir le besoin de se raconter de la banlieue qui m’a frappé le plus dans les photographies de Norma Rossetti. Le regard de cette jeune photographe ne juge pas, ne dénonce pas ; c’est un regard qui cherche seulement à rencontrer la réalité qu’elle a devant elle, de rentrer en contact avec l’objet/sujet de son objectif, dans la tentative de restituer, à travers son travail, l’humanité et la dignité, en particulier aux personnes, aux visages immortalisés dans des geste quotidiens.
Rossana Rummo Directrice de l’Istituto Italiano di Cultura de Paris