© Carine Biley
Le Viaduc des Arts 1 au 129 avenue Daumesnil 75012 France
"Crisis" raconte un tournant dans la vie d’un couple. L’espace d’un instant, l’équilibre précaire dans lequel se complait le couple bascule. L’euphorie des débuts s’estompe. Le malaise s’installe. Le doute nait et fait éclore des tensions. Entre incompréhension et mal être, le couple perd peu à peu son identité. Le rapport de forces entre les individualités prend place. Chacun tente d’échapper à l’emprise suffocante de l’autre : c’est la crise. Du couple ou des individus qui le constituent, qui en sortira indemne ?
Après "Beautiful Belly" en 2011 et "Métamorphoses" en 2012, Carine Biley présente via "Crisis" sa vision de cette phase critique grâce aux clichés de plusieurs couples de modèles, amateurs ou professionnels, réels ou composés. Au travers de situations du quotidien ou plus métaphoriques, chaque couple traverse les phases plus ou moins houleuses de cette crise cyclique. L'issue de ce rapport de forces demeure indéfinie et laisse libre cours aux questionnements et à l'imaginaire du spectateur. Les interprétations sont alternatives, comme si la crise pouvait être simultanément un remède, une délivrance ou un achèvement pour le couple.
L'artiste prend le parti du noir et blanc argentique pour raconter les étapes traversées, au cœur de la tourmente. La performance d’un duo de danseurs, chorégraphiée pour répondre au propos et faire écho aux photographies sera projetée au cours de l'exposition.
© Carine Biley
Inspiration et vocation
Depuis toujours, Carine Biley a toujours été intriguée par le processus de transformation de la pellicule à la photographie. Elle suit donc des cours de photographie en parallèle de son cursus en école d’ingénieur, une voie plus stable que celle d’une vie d’artiste, selon ses parents.
En 2006, elle découvre le travail de Willy Ronis, photographe humaniste et spécialiste de clichés de rue en noir et blanc, dans Derrière l’objectif : Photos et propos, un de ses ouvrages commentés. Elle est bouleversée alors qu’elle assiste quelque temps plus tard à la rétrospective "Willy Ronis à Paris" à l’Hôtel de Ville. Peu après, elle obtient le numéro de téléphone du célèbre photographe, et se décide à le contacter directement : c’est le début d’un travail d’échange, de partage et de conseils avisés dispensés par le mentor à son élève. Carine cherche son identité photographique, forme son œil, apprend la patience et la persévérance.
En 2009, elle assiste à l’exposition de Ronis aux "Rencontres d’Arles", où l’artiste fête ses 99 printemps. Sa disparition en Septembre de la même année est un choc.
Carine entre dans la vie active, ce qui lui laisse peu de temps à consacrer à la photographie. En 2011, alors qu’elle traverse une période charnière dans sa vie personnelle, son entreprise rencontre des difficultés et Carine se retrouve en période d’inter-contrat prolongée. Ses journées se résument à attendre inlassablement que le téléphone sonne pour décrocher une nouvelle mission. C’est l’occasion pour elle de se replonger dans le bain de la photographie. Elle fait la connaissance de l’une de ses voisines, enceinte, qui accepte d’être photographiée : la série "Beautiful Belly" fait son apparition. Aujourd’hui, elle continue de se former en suivant périodiquement des stages techniques qui lui permettent de répondre aux problèmes très ciblés qu’elle peut rencontrer.
© Carine Biley
Techniques et thématiques
Carine travaille principalement avec un Reflex argentique de Nikon, le FM2. Bien que les laboratoires soient de plus en plus rares et les pellicules de plus en plus onéreuses, elle prend plaisir à développer elle-même ses tirages en noir & blanc. Cela lui permet de maîtriser de bout en bout la “chaîne de fabrication de la photo”.
La plupart des séries que Carine expose sont issues de rencontres au fil de l’eau. Elle trouve l’inspiration en fonction des personnalités qu’elle croise et qui se dévoilent à elle. Les portraits qu’elle dépeint racontent ces personnages tels qu’ils sont dans la vraie vie. Mais Carine aborde aussi des sujets pesants comme la remise en question dans “Huis Clos”, ou l’amertume de la nostalgie dans "Lost Innocence". Ces thématiques sont le reflet de son vécu, ses appréhensions, ses moments de doute, qu’elle met en scène principalement en séance studio, dans un cadre minimaliste et épuré.
Elle retourne régulièrement dans la rue, son terrain de prédilection, pour parfaire sa technique de "cliché de rue", à l’instar de Ronis, maître défunt dans l’art. Une prochaine série d’extérieur est prévue avec un cadre très urbain : New York.
© Carine Biley
Vignette et photographies © Carine Biley