« Je me souviens du jour où comme hypnotisé, je suis allé acheter des fils de laine puis, je me suis précipité à la maison et j’ai commencé à en faire des noeuds ».
Thanos Kyriakides commence à travailler en 1990 comme rédacteur de mode. Très vite, fort d’une grande sensibilité artistique et d’une réputation sans cesse grandissante, il collabore toujours avec les plus grands titres grecs : Vogue Hellas, L’Officiel Hellas, In Style, Harper’s Bazaar, Elle, Esquire…
En 2002, une maladie génétique de la rétine altérant considérablement son acuité visuelle pousse Thanos à se poser des questions sur son avenir professionnel. Frustré par cette vue qui se dégrade inexorablement, il passe par une période cruciale de réflexion. Sept ans de réflexion exactement, qui le poussent, déterminé, à continuer à travailler dans la mode et surtout, lui apprennent à développer de nouveaux talents et compétences jamais soupçonnés jusqu’alors. Il prend petit à petit conscience de l’importance du sens tactile. Connaître un vêtement par la simple sensation du toucher. Un travail sur soi-même, intime, qui lui permet aussi de comprendre les raisons d’avoir choisi la mode, son amour pour elle, son essence, sa réelle signification, son effet et son influence sur la société.
Comme une évidence, un besoin, une urgence, BLIND ADAM naît, il y deux ans. Un projet d’art qui permet à Thanos d’utiliser son expérience combinée aux choses qui le touchent, le fascinent… les repères de sa vie : les dessins de Jean Cocteau, les sculptures de Giacometti, les études de Vinci ou de Pollock, la peinture de Magritte, l’ambiance surréaliste de Dali avec le conte allégorique « The Emperor’s New Clothes », l’écriture braille…. Des références personnelles qu’il interprète dans le concept original de « l’invisibilité des vêtements ». Des créations, des constructions de vêtements « nus », où le squelette, la structure, différentes à chaque fois, ont une force visible, première et imposante. Un enchevêtrement de fils de laine presque fantomatique, tissés, réunis en noeuds, ressemblant à des manuscrits aux corrections visibles, entre trompe l’oeil et lecture en 3 dimensions. Des pièces uniques aux mille interprétations, installations d’art, vêtements à porter où s’expriment des réflexions, des idées sur la réalité des choses, l’hallucination, la cécité, la vision, la religion ou la spiritualité.