Musée des Beaux-Arts de Dunkerque Place du Général De Gaulle BP 4212 Horaires Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10H00 à 12H00 et de 14H00 à 18H00. 59378 Dunkerque
Européen, Albert Clermont pose un regard respectueux et distancié sur ce qu’il découvre dans ce pays, découverte qui nourrit en retour son oeuvre.
LES DISPOSITIFS RITUELS ET LES “ENTRETIENS”
La découverte fortuite d’une pierre posée sur une feuille d’aluminium au bord du fleuve Niger a interpellé Albert Clermont par sa résonance avec “Les Pierres sont nomades”, série de photographies réalisée par l’artiste autour de Dunkerque en 1994, et avec une coutume ancestrale de l’île d’Ouessant qui veut que les habitants s’approprient les objets rejetés par la mer en les signant d’un galet.
Tout en revenant à Ouessant où il a réalisé, en 1999, “Signatures”, série de photographies de pierres posées sur des objets, Albert Clermont a, au cours de ses nombreux voyages au Mali, recherché et photographié des dispositifs rituels : intrigants pour le néophyte, ces dispositifs, que le parti-pris photographique - gros plan - isole davantage du contexte, deviennent source de paroles dans les “Entretiens” que l’artiste réalise à partir de 2002. Dans l’un d’entre eux, Albert Clermont confie ses photographies pour interprétation à Amahiguere Dolo qu’il filme sous le mode du portrait en plan fixe en intervenant le moins possible. Acteur d’un jour devant la caméra, Amahiguere Dolo est libre de parole, de geste et du temps de la rencontre. Seul le sujet est imposé ou plutôt s’impose par l’intermédiaire des photographies : l’analyse des dispositifs rituels et sociaux. Les “Entretiens” donnent également la parole à des artistes et théoriciens africains qui dressent un panorama de la culture et de la création contemporaine au Mali. La question de l’identité est au coeur du projet : loin de nous dépeindre une tendance au repli identitaire, Albert Clermont souligne le processus de construction des cultures qui se nourrissent les unes des autres pour constituer un tissage culturel.
Présents dans l’exposition : Sô, la Parole, entretien avec le sculpteur Amahiguere Dolo et deux grands tirages photographiques noir et blanc de dispositifs rituels :
Signature n°1 et Signature n°2.
LE FOURMILLEMENT
Au Mali, Albert Clermont est interpellé par l’accumulation de sacs plastiques qui, aux abords de Bamako, créent des paysages insolites. De retour à Dunkerque, il réalise plusieurs oeuvres sur le littoral de la Côte d’Opale, vidéos, photographies et installations de sacs plastiques sur la plage qui créent un fourmillement. Ce fourmillement devient alors la substance même des oeuvres qu’il réalise dans le nord de la France et au Mali.
LA FOURMILIÈRE
Depuis 2007, la fourmilière elle-même devient un sujet du travail d’Albert Clermont. Chez les Bamanan (Mali), la fourmilière est un lieu sacré, symbole d’abondance et de fertilité qui peut accueillir des offrandes, dons ou prières. Pour l’artiste, c’est également une micro-société, métaphore d’une économie de l’ordre et de la subsistance.
Au travers de la série “Offering”, Albert Clermont accomplit une mise à distance du geste d’offrande à une fourmilière par un acte expérimental. Les fourmis, que l’on voit s’activer sur les vidéos, transportent et rangent le riz coloré en rouge, bleu, noir, vert… jusqu’à le faire disparaître dans leur habitat, dévoilant peu à peu la terre rougeoyante du sol malien. Comme elle peut absorber les problèmes des Bamanan qui lui font des offrandes de céréales, la fourmilière sacrée absorbe la couleur, don de l’artiste.
Présentes dans l’exposition : l’installation vidéo Blue offering/Red offering/Green offering, une projection vidéo, Sans titre et trois tableaux vidéo : Black Screen, CREATION/EQUIVALENCE, et Cereal Offering.