Olga Caldas travaille depuis une dizaine d’années sur la mise en scène du corps, et aussi sur sa mise en fiction.
Que ce soit dans “Daydreams” où elle donne cours à une autobiographie rêvée, ou dans “Et le corps se délie” (qu’on peut entendre : “Et le corps ce délit”), elle transcrit son expérience de l’intime au plus près de la chair, celle de l’autre ou la sienne propre.
Aucune pornographie, mais pas de refoulement non plus du processus érotique par lequel l’homme et la femme, séparément mais implicitement unis, mesurent leur présence au monde, grave chez l’homme, joyeuse chez la femme.
L’artiste fait à dessein flotter les périodes, les âges, et même elle les inverse, comme une enfance qui surgirait de la maturité même, en quête de ses premiers jeux.
A la fois en toute nudité et en toute innocence.
Le féminin et le masculin ne restent pas eux non plus sagement dans les catégories qui leur sont habituellement attribuées. L’homme peut se laisser aller à son désir de passivité, elle ne lui sera pas reprochée.
Olga Caldas insiste, à propos de ses nus masculins, sur le fait qu’ils sont bien les photographies d’une femme. Et elle souligne la rareté de ce type d’exercice. Comme si elle souhaitait là combler une lacune, s’investir en pionnière, sans aucun militantisme. Mais peut être se solidarise-t-elle simplement ici avec une attente latente de toutes les femmes : que l’homme consente enfin à s’abandonner. Voire chanter sa blessure, premier pas de la réconciliation avec soi-même.
Poétique, l’oeuvre photographique d’Olga Caldas ne s’explique pas. Si elle fait réfléchir, ce n’est pas comme on l’imagine, mais plutôt comme un miroir réfléchit. Elle suscite du fond de nous-mêmes un face-à-face imprévu.
- Martine Lecoq, critique d’art. Paris, décembre 2016