Au-delà de la matérialité même d'un territoire (ses aspect géographiques ou écologiques), Katinka Bock
s'intéresse aux énergies qui fondent celui-ci. Par énergie, il faut comprendre l'ensemble des activités naturelles
et humaines, politiques et communautaires qui apportent une singularité et une histoire à un lieu.
L'apparent archaïsme des pièces présentées pour l'exposition tient à la simplicité de la forme et du matériau
employé : une terre-papier (mélange de terre et de papier) conçue de manière à ce qu'elle soit plus malléable,
et donc pliable, sans se briser.
Dans la galerie, les dimensions du bloc de terre replié sont le fruit de calculs mathématiques très précis,
établis de telle sorte que l'oeuvre ne puisse passer par aucune des portes qui bordent la salle dans laquelle
elle se trouve. L'oeuvre exposée est ainsi vouée à sa propre perte puisque, la terre une fois sèche, son retrait
ne pourra s'effectuer que par sa destruction.
Au coeur de la cité Pierre et Marie Curie, le pliage de terre prend la forme d'un piano droit. La fragilité
du pliage, sous le poids important du matériau, tend à faire s'effondrer l'objet qui est cuit puis émaillé sous
sa forme affaiblie.
Comme tout monument d'art public, son existence est abandonnée aux mains des résidents et de la vie de la cité.
Née en 1976 en Allemagne, Katinka Bock vit et travaille entre Paris et Berlin. Diplômée de l'école supérieure
d'art de Berlin-Weissensee, elle effectue ensuite un post-diplôme à l'Ecole nationale des beaux-arts de Lyon.
En résidence à la Synagogue de Delme en 2006 puis à la Cité Internationale des arts en 2007, Katinka Bock
participe en 2008 à la biennale Art Grandeur Nature à la galerie Noisy-le-Sec et à l'exposition Here we dance
à la Tate Modern à Londres.