Jiří  Kolář

Jiří Kolář

#Photographe
Jiří Kolář est issu d'une famille modeste, son père est boulanger et sa mère couturière. Il fait des études de menuiserie avant d'exercer diverses professions. Il expose pour la première fois en 1937 des collages « poétistes ». Son premier recueil de poésie date de 1941.

En 1942, avec le théoricien de l’art, Jindřich Chalupecký, le sculpteur Ladislav Zívr, le peintre František Hudeček, les poètes Ivan Blatný, Jiřina Hauková, Josef Kainar et quelques autres artistes, il fonde le « Groupe 42 » (Skupina 42) qui célèbre « l'enchantement de la technique ».

Jiří Kolář rencontre Běla en 1944 et l'épouse en 1949. Jiří et Běla ont non seulement produit mais aussi intensément collectionné les œuvres de leurs amis plasticiens. Cette collection, ainsi que certaines de leurs propres œuvres ont été léguées en 2002 par les époux Kolář au musée Kampa de Prague.

Comme beaucoup d'autres à la fin de la guerre, Jiří Kolář prend sa carte au parti communiste tchécoslovaque mais contrairement à ceux-ci, ses yeux se déscillent rapidement et il quitte le parti après quelques mois. Il publie plusieurs textes, dont Dny v roce [« Jours de l’année »], journal poétique de 1947, dont le second volet en prose, Roky v dnech [« Années des jours »], est saisi par la censure du nouveau régime communiste. En 1953, en pleine terreur stalinienne finissante, il est condamné à un an de prison.

Entre 1959 et 1961, il travaille à ses Básně ticha [« Poèmes du silence »] qui consomment la rupture avec la poésie verbale et pousse la déconstruction du poème initiée par Stéphane Mallarmé dans son Coup de dé et poursuivi par Guillaume Apollinaire dans ses Calligrammes.

Dès lors sa création prend la forme du collage à base de textes et d’images imprimés. Dans son Týdeník 1968 [« Semainier 1968 »], journal sous forme de collages des événements du Printemps de Prague et de l'invasion suivante de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie, le poème n'est plus qu'une illustration de l'image poétique.

Interdit de publication et d’exposition pendant la période de la « Normalisation », signataire de la Charte 77, Jiří Kolář émigre à Paris en 1980. C'est dans la capitale française qu'il fonde la Revue K consacrée aux artistes d’origine tchèque vivant en exil. La suite de son œuvre écrite est un commentaire de l’œuvre plastique, avec l’interview Odpovědi [« Réponses »] (1984) et surtout le Slovník metod [« Dictionnaire des Méthodes »] (1986), qui recense les différentes techniques de collage qu'il emploie dans son œuvre graphique et dont certaines sont de son invention.

Il fait de fréquents séjours à Prague après la Révolution de velours de 1989, qui met fin au régime communiste dans son pays. En 1990, avec Václav Havel et le peintre Theodor Pištěk, il crée le prix Jindřich Chalupecký (Cena Jindřicha Chalupeckého) qui récompense un jeune artiste de moins de 35 ans et qui est devenu une sorte de « prix Goncourt » des arts plastiques tchèques, toujours très suivi et parfois très controversé. Jiří Kolář décède à Prague à l'été 2002.