Cédric Viollet

Cédric Viollet

#Photographe
FxTxW:

Contrastes, flous, couleurs saturées… Le parti pris d'utiliser la matière dans mes images est pour coller au mieux à la vie, pleine de profondeur et de complexité. Un quotidien que je photographie pour mieux comprendre ce monde et être capable d'y vivre.

Les lectures de Murakami, Baudelaire, Bataille, Pessoa sont pour moi une grande source d'inspiration au même titre que la peinture qui a nourri mon approche de la photographie.
Les personnages, les paysages, les lits qui ne se ressemblent pas me donnent l'illusion de tourner les pages d'une vie.
La subjectivité et l'imaginaire prennent place dans mes errances nocturnes ; y apparaissent des silhouettes, des lieux de dérives. Seul mon appareil en est témoin.

Il m'arrive de ne plus rien photographier durant plusieurs mois, comme pour ne pas parasiter mes rapports avec mon environnement. Mais à d'autres moments, je photographie de manière frénétique afin de me soulager, de me protéger d'un surplus d'informations difficiles à maîtriser et à assimiler. Mon appareil me donne la bonne distance entre moi et le reste du monde.
À la frontière du journal intime et du documentaire, je fais un constat brut... Acteur à part entière de mes déambulations, mon appareil, la rigueur absente, la technique oubliée, donne libre cours à mes expériences. Aucune mise en scène, sauf celle de la vie. Mes sujets ne sont pas choisis, ils sont uniquement présents au détour de lieux où je fais irruption, cela ne tient à rien, mais cela me renvoie à tout.

Nette ou floue ?
Dans l'image nette, le photographe ne donne pas de choix. La vérité est sous ses yeux, mais uniquement sa vérité. C'est une photo qui ment. Elle se retrouve noyée dans une abondance d'informations, qui vient alimenter le flux d'images que le monde nous impose chaque jour...
Alors que l'image tronquée, celle où ressort le manque, celle qui excite, qui donne envie de savoir, cette image « imparfaite », donne droit elle au voyage vers l'imaginaire… Cette lecture photographique devient comme une page de livre sans image ; mais en sens inverse. Elle nous renvoie alors à nos propres obsessions, nos faiblesses, nos angoisses…

Voyeur, acteur, je n'ai pas de réponse… je laisse à chacun alors le choix et l'interprétation de raconter sa propre histoire et d'essayer de lire ce que j'ai vu se fondre dans le regard des autres…


Cédric Viollet, 2007.