Black Spring Graphics est un pseudonyme, un hétéronyme comme dirait Fernando Pessoa. Je
suis une personne réelle, je ne suis pas un collectif, je ne suis pas un groupe.
Une oeuvre n’est jamais (ou presque) le fruit d’un acte strictement individuel. Les facteurs
alii dévient les trajectoires personnelles. Que cela plaise ou non. Black Spring Graphics est un
hommage aux street artists qui choisissent l’anonymat l’espace public, qui se font liquides et
prennent des parcours de création non linéaires, sales, incohérents ou autre. Et à Henry Miller
aussi.
Je n’ai pas d’histoire personnelle. Un pseudonyme est une forme acceptable d’existence.
Je privilégie une approche générique de la photographie (portrait, espace, corps, reportage...)
comme moyen économique d’interroger la question de la représentation. J’aime la matière pauvre,
périssable. Celle qui se trouve à portée de main. Son caractère végétal. J’utilise la matière électronique.
Je me sers du langage (dans sa forme la plus commune) comme matière, comme élément formel.
Cela m’intéresse de le voir produire une corrosion de l’apparente solidité de l’image. J’aime l’idée
de l’espace public (sous toutes ses formes) comme lieu de création, de diffusion, de génération
de processus.
Je veux explorer le paradoxe de la matière qui remonte à la surface alors que je me sers du
matériau logico-langagier de la photo-numérique (A. Rouillé). Papier, scanner de bureau, encre,
peinture, sable, café, geste, décomposition, métal ou autre, papier de verre, croûte, incrustation.
Non pas par réaction, nostalgie, ou tension au retour. Mais par amour du sale, de l’imparfait, du
redressé, griffé, mauvaise qualité. De ce qui est distant.