Alain-Gilles Bastide

Alain-gilles Bastide

#Photographe
Photographe, Alain-Gilles Bastide est un artiste engagé dans ce que l'on a appelé, dans les années 70/80, « La Nouvelle photographie » (en résonance au « Nouveau cinéma »), quand les vents d'une certaine contestation soufflaient encore fort. C'est la Galerie et Éditions Contrejour qui servaient de point de ralliement à cette nouvelle génération de photographes : Beaudequin, Bizot, Den Hollander, Descamps, Claass, Gautrand, Kuligowski, Le Querrec, Martine Frank, Noïjer, Nori, Plossu, Vogt, ... qui fréquentaient assidûment le quartier Montparnasse, rue de L'Ouest, du côté de « l'Entrepôt » et des locaux du magazine « ACTUEL », du cabaret historique « L'Écluse » et de la rue Daguerre qu’Agnès Varda était en train d'immortaliser.
D'emblée, Alain-Gilles Bastide centrera son travail sur la relation image-texte, comme sur la mise en mouvement de l'image fixe. Sa première exposition, « Instants » présentera ses photographies « liées » par un texte de Brigitte Fontaine ; dans cette même période, avec « L'Acteur, le miroir, la mort », il réalise un ouvrage photographique à partir de la pièce de Jean Genet, «Les bonnes». À propos d'Alain-Gilles Bastide, Serge Daney évoquera dans « Libération » un nouveau langage photographique, dans lequel les variations scalaires et d'espace, les relations de l'image du texte et de la mise en page, l'image « absente » les respirations ... s'organisent en une proposition originale et définissent une relation nouvelle entre photographie-texte-graphisme et cinéma. Le travail d'Alain-Gilles Bastide va alors commencer à sortir de l'hexagone pour de premières exposition et publication à Amsterdam ou Barcelone.
Il se liera d'amitié avec Jean-Loup Sieff qui le conseille dans son apprentissage du laboratoire photographique, et avec Jacques Prévert à qui lui présente ce qui sera son deuxième ouvrage « Les gens de mon village », regard vif et tendre sur un petit village bas-normand. La rencontre avec Félix Guattari sera décisive pour sa réflexion concernant ses engagements d'artiste : sur les médias, l'agit-prop et sur son travail en propre.
La « photo-poésie » - activité polymorphiste qui permet l'association de formes et pratiques, apriori, hétérogènes - devient bientôt le moteur du travail d'Alain-Gilles Bastide. Il se dit « imagier » et répudie l'appellation de photographe. Il s'applique à démystifier « le photographe » version Blow-up, serviteur complaisant de la société du spectacle, et il décide de ne travaille qu'avec l'outillage de monsieur tout le monde. Il va participer à de nombreux festivals et rencontres photographiques.
Avec son premier grand reportage (AMOCO-CADIZ), « La marée était en noir », il signera des publications importantes dans PhotoCinéma / Pentax Photographie Japon. C'est ensuite au Mexique qu'il conduit son second, « IXTOC-ONE », proposé comme « Le rêve en bleu d'Esteban », qui fera l'objet d'expositions à Paris et en Province. La critique parle d' « un livre qui brûle les plates-formes » (ZOOM) et ses images sont reprises et publiées par Paris-Match et la presse du monde entier qui le consacrent bien malgré lui, « grand reporter ». Les travaux se multiplient et s'exposent à Paris, Amsterdam, Lima, Cologne, Tokyo ... L'un d'eux, « SANGUINE- BLOODSTONE » est repris à Paris pendant le Mois de la Photographie (Catalogue 82) et le magazine ZOOM s'en fait un large écho. Le Musée d'Art Moderne de Paris
fait l'acquisition d'une première photographie. Son travail est distribué par les agences Gamma à Paris, Black Star à New York et Pacific Press Service (Magnum) à Tokyo.
En 1981, il impulse « Le Polymorphisme », texte manifeste publié pour le 40ème anniversaire de la déclaration surréaliste dans lequel se reconnaîtront de nombreux artistes. En 1982 le succès de son exposition au Mois de la photographie de Paris entraînera une indispensable prolongation (de quelques semaines). « Libération » le présente comme le « provocateur-poète » opérant dans le milieu de la photographie. En 1983, son dernier travail « Kimonos à géométrie variable » sera présenté à la Galerie Marion Valentine à Paris, ainsi qu'un film/reportage, « Traffic d'images » qui rend compte de ses travaux et de son itinéraire. Cependant Alain-Gilles Bastide annonce à l'automne 83, qu'il a décidé de se retirer du circuit de la photographie artistique, de ne plus exposer ni publier d'ouvrages, bref qu'il suspend donc pour un temps indéterminé toute activité de ce type. Ce « silence d'images » va durer 17 ans! 17 ans pendant lesquels, il s'occupe de voyages, Amérique Latine, aux USA, en Australie. Il s'investit alors dans les nouveaux médias et en explore les ressources. Il cultive aussi son jardin secret : l'écriture.
En 2000, il rentre en France et à nouveau l'image le sollicite. Il travaille d'abord 5 ans sur une trilogie : « TRACES » qu’il réalise à Paris, La Havane, et Tchernobyl. Travail exposé au FIAP pendant le Mois de la photographie à Paris en 2006. En même temps, en 2004, est produit « COURBES » recherche « musicale » sur le corps de la femme, travail exposé à Paris à la galerie Seine 51. Accompagné de publications en Italie et en Equateur. Le Musée d'art contemporain de Barcelone (CCCB) se porte acquéreur du Mémorial qu'il a réalisé pour les 700 villages enterrés après la catastrophe de Tchernobyl. Cette œuvre ouvrira l'exposition européenne "Il était une fois...Tchernobyl" réalisée au CCCB pour le 20ème anniversaire de l'explosion du réacteur.
Depuis 2007, avec le soutien du mécénat privé (Schlumberger) et avec l'aide des pouvoirs publics (la ville de Paris lui a attribué un atelier d'artiste) Alain-Gilles Bastide peut s'investir et travailler plus librement. Il produit - entre autres – « L'invisible labyrinthe des temps » en voie de finition. Enfin outre ses images, Alain-Gilles Bastide se consacre davantage à l'écriture et au cinéma.