Herero woman in patchwork dress (2012). Serie Hereros. © Jim Naughten
“Portrait(s)”, la deuxième édition du rendez-vous photographique de la ville de Vichy prend son essor et se tient cette année du 13 juin au 31 août. Après le succès de la première édition, saluée par 25 000 visiteurs, Vichy redevient le temps d’une saison un avant-poste de la photographie d’aujourd’hui et présente au public des expositions à la fois marquantes et accessibles, centrées exclusivement sur l’art du portrait.
Le festival présente différentes approches du portrait, qu’elles soient issues de la tradition documentaire ou bien qu’elles relèvent de la fiction, de l’intime ou encore de dispositifs plus conceptuels. Il s’appuie sur les oeuvres de photographes confirmés comme d’artistes plus jeunes. Il propose un voyage dans une pluralité de visions et de regards - oeuvres de photographes confirmés comme d’artistes plus jeunes s’y côtoient - afin de permettre au public de découvrir et redécouvrir le portrait dans ses formes les plus classiques comme les plus déroutantes.
Tokyo Compression © Michael Wolf. Courtesy La Galerie Particulière / Galerie Foucher-Biousse, Paris
ÉDITION N°2
La deuxième édition de «Portrait(s)» réunit huit artistes. Jeanloup Sieff, disparu en 2000, laisse derrière lui une galerie sensible de portraits de personnalités photographiées tout au long de sa carrière. Bruce Gilden percute les passants de New York et produit des images à l’estomac qui traduisent la frénésie de la ville. Michael Wolf capture les voyageurs derrière les vitres du métro de Tokyo, visages incarcérés dans les fenêtres des wagons comme autant de poissons en aquarium. Jim Naughten, pour sa première exposition en France, présente les Héréros de Namibie dont les vêtements d’apparat, robes longues et costumes militaires empruntés à l’ancien colon germanique, commémorent une histoire sanglante. Martina Bacigalupo recycle d’étranges portraits sans visages trouvés au Gulu Real Art Studio, en Ouganda, images dépossédées de ce qui constituent leur matière première et qui soudain obligent le regardeur à imaginer les visages qui ont été évincés du cadre. Claudia Huidobro se lance dans un corps à corps avec soi-même et avec l’espace, et fait de sa grande silhouette un objet de sculpture qui repousse les murs. Les éditions Filigranes, enfin, remontent le temps et, à la faveur d’une sélection de portraits, reviennent sur la complicité qui les lie aux nombreux auteurs qu’ils ont publiés depuis leur naissance en 1988.
Jane Birkin. Photo de mode pour Harper' s Bazaar. Rome, 1966 © Estate Jeanloup Sieff
Série Tout contre © Claudia Huidobro
Cette année, la ville confirme également son engagement auprès de la photographie contemporaine, en offrant pour la première fois une résidence à un photographe. Cédric Delsaux a posé, en avril dernier, un socle dans les rues et les jardins de Vichy et demandé à de simples passants de monter sur cette mini scène. Le temps d’un cliché, il a réenvisagé les liens qui unissent les gens et les lieux dans lesquels ils évoluent chaque jour.
A Beautiful Catastrophe.! New York City. USA. 1986 © Bruce Gilden/ Magnum Photos
Ces huit expositions se tiennent simultanément en centre-ville et à l’extérieur, à ciel ouvert. Dans l’espace des galeries du Centre Culturel Valery-Larbaud, construit au début du siècle dernier, sont réunis : Bruce Gilden, Michael Wolf,Jim Naughten, Martina Bacigalupo, Claudia Huidobro, ainsi que les éditions Filigranes. Sur l’esplanade du lac de l’Allier, les promeneurs peuvent découvrir une soixantaine de portraits de personnalités et de mannequins réalisés sur cinq décennies par Jeanloup Sieff. Place Saint-Louis, ce sont les photos sur piédestal des Vichyssois, fruits d’une commandé passée à Cédric Delsaux, qui sont exposés.
Image extraite du livre Kaza ve Kader, éditions Filigranes © Ali Taptik