Hady Sy lors de la présentation de son exposition au public, Perpignan, septembre 2012 © Claire Mayer
Des anecdotes sur son projet, Hady Sy en a beaucoup à raconter. Des images et des visages, voici ce que le photographe et plasticien français a recueilli au cours des quatre années de son projet, « One blood, l'unité dans la diversité ».
Pour lui, « Nous sommes tous différents de l’extérieur mais à l’intérieur nous sommes d’une seule et même couleur ».
Le point de départ de cette idée : sa sœur. Drépanocitaire depuis sa naissance, son hémoglobine s'altère, et elle a un besoin incessant de transfusions pour vivre.
Ainsi, pour sensibiliser le public au don du sang, il a réalisé 366 portraits à travers le monde, de personnes venues donner, lors de dons du sang.
Son installation circulaire, émouvante et engagée, a attiré un public curieux et intéressé.
Rencontre avec un artiste humble et généreux.
Thierno Ousmane, erudit, Rosso - Maurianie. © Hady Sy / 2e Bureau ONE BLOOD, BEYROUTH 2012 - L'UNITÉ DANS LA DIVERSITÉ
Pourquoi ce projet ?
Pour deux raisons importantes.
La première, c'est que ma sœur est drépanocitaire. Depuis qu'elle est toute petite elle a besoin de transfusions. Ma mère a passé la moitié de sa vie à l'hôpital avec ma sœur. Il y a encore trois mois, elle a du se faire transfuser de deux poches de sang.
La deuxième chose, c'est que j'ai été blessé à Beyrouth pendant la guerre. J'ai beaucoup travaillé sur les armes, et j'avais envie, pour une fois, de réfléchir sur le sang donné et non pas sur le sang versé.
J'ai donc suivi les établissements du sang partout dans le monde, qui réalisent des dons anonymes et gratuits. Dans tous les pays où je suis allé pour ce projet, j'ai suivi ces organismes officiels qui récoltent de façon gratuite le sang.
Qu'est-ce qui a été le plus difficile à réaliser ?
Honnêtement, rien. J'ai jamais vu ça. Je n'ai pas eu un seul obstacle pendant toute la durée de ce projet.
J'ai eu une seule difficulté avec les autorités, en Australie. Je prends l'avion pour Darwin, j'arrive à la douane et je me fais arrêter. J'explique mon projet, et la douanière à qui j'ai eu affaire ne me croyait pas. Elle voulait voir les photos, je lui montre sur mon ordinateur, et pour elle, ce n'était pas possible de venir d'aussi loin pour rester une semaine. Cela a pris un temps fou, j'ai failli partir.
Mais c'est tout, c'était incroyable. Je n'ai eu ni difficulté, ni déception. Je sais que c'est insensé pour un projet de quatre ans, mais c'est vrai !
Qu'avez-vous fait avant ce projet ?
Avant, j'ai fait « not for sale », un catalogue raisonné des armes les plus meurtrières du début du siècle à nos jours. Je les ai radiographié, pour montrer qu'elles sont malades. Ce qui m’intéressait, c'était de voir de quelle façon ces armes sont conçues pour tuer.
Encore avant, j'ai réalisé un projet intitulé « in God we trust », où je me suis radiographié, qui a été exposé pour la première fois à New York puis qui a tourné un peu partout. C'est cette exposition qui m'a véritablement lancé.
Mon travail est beaucoup plus basé sur les similarités que sur les différences.
Pourquoi la photo ?
Je ne fais pas que de la photo, je fais de l'image. Pour moi, l'appareil photo est comme un crayon : on peut faire des choses totalement différentes avec le même support.
J'adore la photographie car je l'ai étudié, mais je fais aussi des radiographies, des scans, tout ce qui est image. J'aime mélanger les médiums.
Y-a-t-il un artiste en particulier qui vous a inspiré ?
Plein. Tous les jours je suis inspiré par les belles choses. Si je devais choisir, je dirai Man Ray, Andy Warhol, Picasso, William Klein ….
May, journaliste, Beyrouth, Liban, Palais de l'UNESCO © Hady Sy / 2e Bureau ONE BLOOD, BEYROUTH 2012 - L'UNITÉ DANS LA DIVERSITÉ
Propos recueillis par Claire Mayer