Centre des monuments nationaux Hôtel de Sully 62, rue Saint-Antoine 75186 Paris France
"Dans tout monument l’imaginaire est à l’oeuvre. Des imaginaires se croisent, se combinent et servent de base à l’identité propre et à chaque fois unique de sites dont la complexité fascine ou en impose. Au service de pouvoirs ou convoquant des forces et des croyances, des imaginaires ont été indispensables à la conception des monuments. Puis d’autres sont venus les enrichir, les complexifier.
L’image du monument est tout naturellement présente dans bien des travaux. Nous vivons le monde des images, celui dans lequel la multiplicité des formes de représentation gomme l’enjeu de chacune alors qu’elle précède l’expérience, pratique ou physique, qui fonda durant des siècles la connaissance. Il est aujourd’hui peu d’œuvres qui, d’une manière ou d’une autre, ne s’interrogent sur l’architecture, son sens et ses enjeux. Même si des photographes, des vidéastes, des sculpteurs, des artistes du paysage vont intervenir, nombreux sont ceux qui se trouvent aux frontières de définitions de « spécialités » qui n’ont plus guère de sens pour eux.
Aujourd’hui, le public y apporte ses propres envies, ses rêves, ses désirs et s’approprie ainsi l’espace qui l’accueille.
À travers toute la France, de mars à octobre 2012, plus de 30 monuments vont présenter l’extrême diversité de ces imaginaires avec une programmation culturelle ouverte et éclectique. Celle qui fait cohabiter des approches multiples et des temps différents. Si l’exhaustivité est impossible, un panorama le plus large possible des modes d’expression de ces imaginaires est présenté : de l’architecture aussi bien que de la sculpture, du dessin autant que de la vidéo, du cinéma, de la voix et du son, de la photographie et des oeuvres d’art.
Les regards actuels vont dialoguer, ou se confronter avec ceux qui les ont précédés. Avec l’espoir que ces points de vue d’artistes divers permettent au visiteur de laisser libre cours à ses propres visions, qu’il revendique son propre imaginaire. "
Christian Caujolle, commissaire
Focus sur quelques uns des grands rendez-vous photographiques de « Monuments et Imaginaires »
Mat Collishaw, Des images, des Histoires au Palais Jacques Cœur à Bourges, du 9 juin à septembre 2012
Les pièces vidéo de l’artiste britannique Mat Collishaw font explicitement référence au gothique et elles trouvent tout naturellement leur place dans le joyau du XVe siècle qu’est le Palais Jacques Cœur. Elles dialogueront avec une partie, tout aussi étrange, dérangeante par sa tension entre la plus classique des esthétiques en référence à la peinture flamande et le sujet des images, que constitue la proposition photographique de l’artiste. Il a réalisé des natures mortes des derniers repas que peuvent, aux Etats-Unis, réclamer les condamnés à mort avant leur exécution.
© Mat Collishaw, "Last metal on death row" 2010
Sarah Moon, Le Chaperon Noir à la Cité de Carcassonne, du 30 juin au 15 septembre 2012
Il était impensable, pour parcourir les liens qui sont à l’œuvre entre imaginaires et monuments, de ne pas s’attacher au conte. Comment imaginer Cendrillon et tant d’autres contes sans châteaux? Visuellement, nous avons choisi de présenter à la Cité de Carcassonne le travail délicat – mais aussi légèrement grinçant – de Sarah Moon qui, depuis des années, revisite les grands récits du genre dans de s films sensibles, légers, doux et acidulés à la fois. La série de petits tirages subtils du Petit Chaperon noir dialogueront dans l’espace avec la version animée et, durant l’été, une programmation de tout son œuvre cinématographique permettra de voir ou revoir son interprétation des contes mais également Mississipi One, qui est, à sa manière, un conte contemporain.
© Sarah Moon, Le Chaperon noir, 2010
James Casebere, Architectures : entre illusion et nécessités à l'Abbaye de Montmajour, du 3 juillet au 10 septembre 2012
Depuis les débuts de son travail, au milieu des années soixante-dix, James Casebere fabrique des objets pour les photographier. Quelle que soit la minutie apportée à la construction des maquettes, il ne leur accorde aucune autre valeur que celle qu’elles vont lui permettre dans le processus de production d’images, puis de tableaux photographiques qu’il développe. Pour lui, le travail de l’artiste et celui d’une philosophie à l’œuvre. Ce travail est, sans cesse, un questionnement des imaginaires qui président à la création de monuments et d’espaces et de ceux qu’ils produisent sur ceux qui les pratiquent, les subissent ou les contemplent. Cette œuvre, naturellement, trouve sa place à l’Abbaye de Montmajour, en dialogue avec le bâtiment, en questionnement de la fonction du lieu autant que de ses tonalités.
© James Casere, Maghreb, 2005
Katia Bourdarel, Fabrice Langlade et Pascal Navarro, Châteaux féeriques au Château de Fougères du 12 mai à octobre 2012
Le « château des enfants » ouvre ses portes à trois artistes : Fabrice Langlade fait apparaitre son « Château fantôme » tout en transparence et lumière ; Pascal Navarro avec ses « Châteaux noirs » explore les zones d’ombres de l’enfance, tandis que Katia Bourdarel nous ramène à l’émerveillement des contes avec deux installations « L’expérience verticale » et « Mother knows best ».
© Pascal Navarro, Château noir 1, 2010