
Centre de photographie de Lectoure 5, rue Sainte-Claire 32700 Lectoure France
À son arrivée à Hiroshima en 1958, Emmanuelle Riva dispose d’une quinzaine de jours avant le début du tournage du film Hiroshima mon amour. Elle fait l’acquisition d’un appareil photo “pour aller à la rencontre des habitants” et, à l’instar des photographes français de l’époque – les “humanistes poétiques” Willy Ronis, Édouard Boubat, Izis… – elle déambule dans les rues pour y saisir avec délicatesse la poésie de la vie quotidienne. Treize ans après le bombardement, ses photographies mettent l’accent sur la renaissance d’une ville dont les habitants vaquent paisiblement à des activités intemporelles, comme si la tragédie n’avait jamais eu lieu.Toutes ces photos, c’était juste de la curiosité. Bien sûr que je n’avais pas oublié la tragédie, la ville entière meurtrie, les habitants carbonisés. Mais je voulais simplement sortir et prendre en photo la vie quotidienne. Une émotion m’a portée tout du long. J’ai marché dans toute la ville, j’étais passionnée, j’ai fait des dizaines de photos, plus de deux cents. Je pouvais prendre des photos à chacun de mes pas. J’étais portée par l’émotion.” Emmanuelle Riva Oubliés dans une malle, les tirages et les négatifs ont été redécouverts récemment grâce à Dominique Noguez : “Ces photos ont ressurgi de façon inattendue, miraculeuse. Elles auraient pu rester au fond d’une malle, chez moi. Lors d’un dîner à Madrid, à l’occasion d’un hommage à Marguerite Duras, j’ai dit soudain que j’avais chez moi des tas de photos prises pendant le tournage. Dominique Noguez a voulu les voir. Tout a commencé comme cela” (Emmanuelle Riva).