Sarment Thierry

Sarment Thierry

#Photographe
« L’attente dans une intimité étrange où l’atmosphère luit à peine sous la faible rumeur des ampoules. Puis, mon corps. Et surtout mon visage, comme pétrifié, alors que l’artiste face à moi, au clair-obscur de la pénombre insistante, presque violente, me regarde et ne bouge pas. Lui, je le sais, je le vois, il est d’un calme attentif, tendre et sec à la fois, à me faire pâlir d’effroi, et c’est bon, quasi jouissif que de ne pas comprendre ce qu’il désire, quand même (et c’est impressionnant de tendresse et de générosité) il espère que je me révèle sous l’œil averti de son objectif ; l’appareil, objet mort à ses pieds que sa main saisit bientôt - et qui prend vie, à la manière d’un pinceau vif sur une palette en noir et blanc, toute une sorte d’océan brutal dans la soudaineté du ressac et du mouvement.
J’ose un geste, les yeux perdus. Il ne me sourit pas. Il ne me parle pas, l’objectif la mire d’une corolle de glycine, ou bien la pointe d’un fusil. Alors, brusquement, j’ai envie de crier, de danser, de me jeter dans le vide ; et mon cœur bat à tout rompre dont je contiens pourtant, de peu, les battements. Et mon visage oublie tout, s’abandonne, s’offre sans un gémissement à la clarté famélique de bonté - vertigineuse bienveillance - qui l’environne. Et mon corps, mon visage décline malgré lui ce qu’il doit raconter au silence, se décrispe, conjugue à loisir ce que j’ai de moi, mon secret, le Verbe - il m’a semblé - de ce que je suis vraiment, à l’intérieur. Et j’ai l’impression d’embrasser une femme, d’être juste un simple « petit oiseau » épris de liberté, libre de se libérer de sa cage. C’est assez naïf, n’est-ce pas ? Cette sensation de légèreté, d’éternité retrouvée. Pleuvent alors de la main œuvrante, sous l’œil adroit et de l’artiste, toute une série de clichés qui sont autant les traits d’un couteau sur une toile de Maître, qu’une vague de larmes et de sourires sur une grève impossible. Merci Thierry Sarment. Bien à vous. »

Tentative d’expression et notes de François Reibel, suite à la séance de poses face à l’objectif du photographe Thierry Sarment.

« François Reibel, écrivain, poète et comédien de formation, transpire la littérature, pas celle des convenances et des soirées mondaines, non, pas une seconde. Et même si le Verbe est beau, et l’écriture fluide, limpide, éclaboussante ! ça sent plutôt la sueur, le sang et le pinard de l’épicier du coin. » - (Jean Louis Bourdon)

Il vient de publier son Recueil de Nouvelles « Requiem sur fenêtre nocturne », éditions Bionature, François Vallet éditeur, Paris, 2012.