Rozenn est une photographe de voyage spécialisée dans la photographie documentaire. Alors qu'elle gagne sa vie avec une photographie sociale & commerciale au moyen du numérique, sa passion se focalise sur l'étude des minorités ethniques au moyen de l'argentique. C'est par ce biais qu'elle peut vraiment exprimer sa fibre artistique (ses ressentis) et qu'elle arrive à partager sa gaieté de découvrir les cultures traditionnelles de ce monde. Rozenn est née en 1976 et a vécu son enfance dans un village calme du sud de la France, néanmoins, très connu pour son vin !
Elle a quitté cette splendide région pour une vie citadine à Londres où elle aura plusieurs nouvelles expériences. En servant dans des pubs, elle apprendra la subtile nuance des bières et en partageant diverses maisons d'étudiantes, elle sera exposée à plusieurs cultures. Mais le plus précieux de sa découverte sera la magie de la photographie en imprimant ses premiers clichés dans son mini laboratoire de fortune. A travers ces expériences, elle réalise qu'elle pourra combiner sa passion pour la photographie avec son désire de voyager.
L'appareil en sautoir, un sac au dos rempli de chimie photographique et quelques trop rares dollars en poche, elle se donna la chance de vivre sa passion intensément. Clac ! Clac ! Clac ! Le Nikon s'est pris pour une Kalachnikov. Les chargeurs se sont succédés, les têtes sont tombées, les portraits se sont accumulés. Fumeur de cigare cubain flegmatique, Péruvienne impassible des fêtes de la Virgen del Carmen, Amérindien craintif devant l'objectif. Et lamas méprisants… Des milliers de kilomètres, des hectomètres de film… Douze mois au contact de gens surpris de voir une jeune gringa s'aventurer chez eux et partager leur hutte, leur maigre pitance, leurs cars bourrés et leurs fêtes colorées.
Tout en établissant des relations mutuelles de confiance et de respect, elle s'approcha naturellement de ces communautés indifférentes au tourisme de masse. Elle sera initiée à leur vie locale pour mieux la comprendre et l'interpréter, et découvrira ainsi des pratiques aussi stupéfiantes qu'inattendues. Les races, les couleurs, les frontières se sont estompées en échange d'un sourire, d'une poignée de main. De l'humble habitation du mineur bolivien, à la case d'un chasseur-cueilleur amazonien, elle trouva la cordialité de gens accueillants, aussi curieux à son égard qu'elle l'était au leur. De ces échanges fructueux lui sont restés une foule de souvenirs, d'images et la découverte d'un monde vivant à des années- lumières de nos sociétés. Autant de clichés qui confirmaient sa vocation.
A savoir, le vif désir de repartir un jour vers d'autres horizons, à la recherche de la diversité des festivals à travers le monde, apportant ainsi sa modeste contribution à la connaissance et à la sauvegarde d'héritages culturels étonnants. Cependant, elle devra suspendre son projet à plus tard. Retour à Londres, elle devra imprimer toutes ses images. Pour gagner sa vie, elle prendra différents travails dans la photographie événementielle et sociale. Les premiers six mois, elle sera photographe de croisière dans les Caraïbes, suivit par quelques autres mois en tant que ‘filmeuse' sur les pistes de ski d'une station Suisse puis d'une station balnéaire du sud de la France.
A d'autres moments, elle photographie des mariages, couvre les festivals de film de Berlin et de Cannes ou des sujets sociaux pour une agence photographique de Londres. Il n'y a aucun doute de sa soif pour de nouvelles expériences. Et finalement, elle décroche la récompense de ses efforts. Elle gagne deux prix au concours Fujifilm 2001 : prix ‘ Social & Editorial' et le prix global des quatre catégories présentées. (voir lien prix concours)
Elle commencera au même moment à publier quelques travaux personnels. (voir lien Publications)
Enfin, c'était l'heure pour la seconde étape de son projet sur les festivals. Un autre sac au dos à remplir de pellicules, et la voici sur la route pour une autre année et demi de prise de vues et d'aventures. Cette fois ci, elle connaîtra les rites asiatiques jusqu'au pacifique chez les Papous, toujours dans le but de capturer l'originalité et la diversité de festivals folkloriques.(voir lien prix concours Wanderlust 2007 dans Publications/awards)
Dans le témoignage suivant, elle évoquera ses ressentis à propos de ce projet et elle dédicace sa reconnaissance et ses remerciements pour ces personnes qui l'ont aidé sur son chemin:
‘De la flagellation des pénitents de Quito aux mutilations publiques des cérémonies de Phuket, des Andes à la Thaïlande, sur des milliers de kilomètres j'ai trouvé ces mouvements populaires, ces visions multicolorées, ces danses tribales, ces rythmes binaires qui puisent au plus profond de l'Histoire des peuples. L'intensité des regards, l'insensibilité des corps, le mysticisme des participants n'avaient d'égale que l'extase d'un public communiant dans un même élan, une même passion. Manifestations folkloriques où se mêlent paganisme et religiosité, beuveries et prières, sacrifices animaliers et mutilations aux vertus purificatrices. Ce sont ces cérémonies populaires aussi impies que religieuses mais toujours colorées, animées, joyeuses, qui témoignent chez ces gens rudes du besoin de faire la fête… et non la guerre !
Ainsi s'ébauchait et s'enrichissait au fil de mon périple le projet qui me tient à cœur depuis des années : un reportage détaillé sur la ‘ diversité et l'originalité des festivals folkloriques témoins des traditions conservées par des ethnies souvent menacées'. Car si les grandes explorations ont ratissé notre globe, l'aventure humaine est loin d'être terminée. Il ne suffit pas que les arts graphiques, la mode, la musique et la littérature sud-américaine ou asiatique gagnent notre continent, encore faut-il que l'on puisse découvrir l'âme de ces peuples accrochés à leur terre.
A travers mes photos, je me propose ainsi de faire connaître les particularités de ces festivités les plus reculées et d'immortaliser ces coutumes locales. Il nous appartient, sur le plan international, de protéger cet héritage culturel au même titre que la faune et la flore de notre planète. Que ces festivités évoquent des pratiques animistes, Christiane, hindouiste, confucianiste et le bouddhiste avec ses multiples courants, tous conservent des traits collectifs originels.
J'ai vécu intensément chaque minute de ce voyage privilégié grâce à la chaleur humaine rencontrée dans ces contrées perdues. Des centaines de maisons se sont ouvertes où j'ai puisé dans l'inconfort d'aventures parfois risquées le réconfort et la sympathie.
Eux qui sacrifient leurs maigres biens à la somptuosité de leurs costumes m'ont guidée, informée, encouragée et conseillée pour la suite de mes recherches. L'hospitalité de ces gens humbles et souriants m'a touchée et encouragée à persévérer.
Puissent mes photos faire ressortir leur volonté de ne pas perdre l'essence de leur vie !'