Rodolphe Sebbah a 56 ans et vit à Paris depuis l’âge de 18 ans. Paris, sa ville comme il aime à le répéter : il l’aime, il l’a connaît, il l’a sent et rien ne lui est plus insupportable que les rares moments où il doit s’éloigner de ses rues et de ses tribulations.
Pourtant rien ne prédestinait Rodolphe à embrasser la carrière de photographe. Diamantaire de formation, c’est dans ce milieu étrangement déconnecté du théâtre de la rue qu’il découvre au gré de ses lectures les travaux d’illustres aïeux : les américains Robert Franck, Garry Winogrand, Helen Levitt, Saul Leiter, Elliot Erwitt, mais aussi les français Henri Cartier-Bresson, Willy Ronis ou René Maltête. Tous ont marqué de leur empreinte cet art si particulier qu’est la « street photography ». Une véritable révélation, un choc visuel pour le futur photographe.
Commence alors le long parcours de l’autodidacte. Boulimique, il compulse tout ce qui peut s’écrire ou se voir sur le sujet et ses maîtres : livres, magazines, expos. Il se détourne alors progressivement des éclats célestes du diamant pour regarder sa ville « au ras du trottoir » comme il dit. Le spectacle qui s’offre à lui le fascine, l’attire irrémédiablement vers ces scènes furtives qui rythment le pouls d’une cité. Dans cette quête, Rodolphe capte ce qu’il appelle les beaux instants de la vie urbaine. Il livre sans fard au spectateur la banalité de situations aussi impromptues que cocasses.
Peu à peu, il accumule de nombreux clichés. « Ce que vous voyez est ce que vous voyez. Il n’y a rien à voir ou comprendre au-delà de ce qui est montré. », cette maxime d’Helen Levitt que Rodolphe aime à citer symbolise parfaitement sa démarche photographique qui ne revendique aucun messages particuliers. Il montre un point c’est tout. Ses images, qu’il publie régulièrement sur Internet, commencent à être remarquées. Aux premières publications se succèdent les premiers encouragements. Adepte des focales fixes (50 mm f/1.4 – 35 mm f/2 – 28 mm f/2.8) à grande ouverture, il aime trouver sa distance par rapport au sujet qu’il photographie en mode « snapshot » repoussant le confort d’un zoom.
Cette « vérité » qu’il recherche frénétiquement dans ses clichés contribue au « style Sebbah ». Brut de vérité et de spontanéité, il ne magnifie pas. Nous découvrons alors la multitude des détails aussi savoureux que truculents qui composent nos paysages urbains. C’est ce qu’on appelle un témoignage.