Philippe Dapvril est photographe à l'Inventaire général de la région Nord-Pas-de-Calais depuis 1986. Pour ce service du ministère de la Culture, décentralisé en 2005, il a produit des milliers d'images, destinées à illustrer des dossiers relatifs à toutes sortes d'édifices ou d'objets, qui constituent le patrimoine de la France. Le photographe s'interroge sur les méthodes et les finalités de ce vaste enregistrement. Ses réflexions l'ont amené à produire un travail sur le paysage portuaire du Nord de la France, sur ces espaces nomades où la terre et la mer se font face. "L'histoire des trois grands ports, que sont Boulogne-sur-mer, Calais et Dunkerque, se lit au travers de l'architecture et des paysages ", explique Philippe Dapvril.
Premier port de pêche de France, Boulogne-sur-mer est devenu après la seconde guerre mondiale une zone industrielle aux rues bordées d'ateliers et de magasins de marée, aujourd'hui en pleine restructuration. Calais, premier port de voyageurs de France, a connu d'importants travaux d'aménagement, qui ont considérablement modifié son paysage, lui donnant l'aspect d'une véritable autoroute maritime. Dunkerque, enfin, premier port minéralier de France, conserve de nombreuses traces des infrastructures portuaires du XIXe siècle. Ses entrepôts, quais et ouvrages d'art, ont accueilli des navires de marchandises du monde entier et son territoire, marqué par l'industrie lourde, s'étend sur 17kms de rivages.
Les photographies en couleur de Philippe Dapvril ont été prises pour l'essentiel entre 1994 et 2000. Réalisées à la chambre ou au moyen format, dans un style documentaire, elles dressent le portrait de lieux, d'édifices, d'objets, qui, pour certains, ont aujourd'hui disparu. Les structures gigantesques, modelées par la lumière, apparaissent comme autant de paysages désertés où l'homme n'y figure que par les traces de son travail. Les images exposées au Tri Postal, édifice qui garde lui aussi l'empreinte de son activité, renvoient tour à tour au vocabulaire des marins - estacades, radoub, dock, môle, vrac -, identifient l'activité industrielle et singulière de chaque ville et soulignent enfin le caractère universel de ces paysages où l'espoir d'un ailleurs est possible.