Mon travail croise l’utilisation des traces de la mémoire d’événements historiques et un questionnement sur les utopies sociales et leurs mises en place.
Ma démarche plastique consiste essentiellement à prélever des éléments du monde qui m’entoure. Je les fais dialoguer avec des dispositifs de monstration, et tente d’amener le spectateur à porter un regard autre sur son propre monde.
Une grande partie de ces dispositifs est orientée vers une implication physique du regardeur : les images produites sont difficilement visibles ou lisibles au premier abord. Elles nécessitent un temps d’arrêt pour parvenir à une seconde perception. J’ajoute aussi très souvent une composante temporelle à la révélation de mes images.
L’origine de ces prélèvements naît de rencontres avec des lieux, des œuvres, des livres... Je me pose en observateur à l’affût. Depuis peu, j’ai élargi cette idée de ponction à une mise en commun, confrontation de différents points de vue de collaborateurs de différents horizons dans des dispositifs évolutifs de diffusion de savoir.
A l’image de ma démarche, mes productions ne sont pas rattachées à un médium spécifique. Je choisis le mode d’expression le plus approprié à chaque projet.
Un protocole de captation de l’architecture par le dessin : une plaque de verre tenue à bout de bras accompagnée d’une feuille de rhodoïd pour accueillir le dessin.
Ces différentes séries font état de plusieurs camps de concentration et d’extermination de la Seconde Guerre mondiale : Sachsenhausen, Auschwitz, Birkenau, Treblinka.
Je reporte ce que je vois à travers ce cadrage avec un feutre indélébile. Ce procédé permet à la fois un rapprochement des éléments sur un plan et une mise à distance du paysage. Cette dernière permet d’être concentré uniquement sur le tracé de l’architecture et de mettre de côté l’émotion de la confrontation au lieu. Cette technique de report engendre également une position de dessin inconfortable, donc un état d’urgence. Je suis amené à ne saisir que les traits essentiels, rendre compte de l’instant.
Ces relevés sont ensuite présentés en classeur, chaque dessin superposant le précédent. Il en résulte une compilation de trait, un cheminement dans une mémoire d’images à chaque page. L’accumulation des feuilles de rhodoïd entraîne une atténuation de l’image, un entrelacement de l’une dans l’autre.