Noël Aeby

Noël Aeby

#Photographe
"Il n'y a pas cinquante manières de regarder un paysage. On se doit d'y chercher la vérité. Sinon c'est l'aveuglement: la joliesse, le pittoresque, le cliché, la surface des choses. Il faut se mettre à l'affût d'une colline ou d'un arbre, attendre, creuser ce qui touche, voir autre chose que ce qui est immédiatement donné à voir, écouter : car oui, les paysages parlent. C’est un genre de la photographie que vous et moi, amateurs paresseux, pratiquons, avons pratiqué. Un endroit joli une lumière un peu belle, un souvenir peut-être, cela semble aller de soi - quels imbéciles nous sommes! - mais l’évidence est si méchante conseillère. A l’arrivée, il y a bien un endroit au milieu du cadre, mais rien ne se passe sur la photo.

L’approche lente du sujet, l’attente qui précède, la saisie au centième de seconde et le geste à la fois rapide et posé du déclenchement proscrivent le travail en rafale. Pas de précipitation. Pour Noël Aeby, il n’y a pas des photos. Il y a une image, celle qu’il imagine dans sa tête depuis qu’il a découvert cet art. On dira depuis qu’il est né. L’appareil photographique prolonge son esprit comme une main tendue vers la quête du beau, de l’unique, du sacré.
Comme le penseur détestant reformuler une idée pure, le photographe ne veut pas changer le tableau de nature qu’il a délimité sur sa toile argentique. Le Fribourgeois ne recadre jamais. C’est un principe.

C’est pour cela que les images de Noël Aeby touchent autant. Quelqu’un a regardé ce pays, sa Gruyère. Il l’a regardé avec une infinie patience, du respect vraiment, un goût fort et décidé pour aller dévoiler des secrets qui ne seront jamais la trahison, mais une sorte de confiance, gagnée photo après photo.

Maître de son art, Noël Aeby fait penser à ces samouraïs qui n’ont pas besoin de frapper pour qu’on les respecte. Il ne cède jamais à la facilité, ne triche pas et érige l’exigence envers lui-même en règle intangible. « Quand j’ai entendu parler de Valparaiso, je me suis juré d’y aller un jour. Ce jour a fini par arriver mais je me suis arrêté à 250 km de ce port mythique, juste pour garder intacte l’image d’enfant que je m’en faisais. » "

(Site web: http://www.noelaebyphotographe.com/accueil.html)