Nann Eryenko

Nann Eryenko

#Photographe
1981, vit et travaille à Paris.

Nann se penche.

Après des années de danse, quelques mois en arts-plastiques à Paris VIII, quelques autres en stylisme dans une école privée, des stages et ateliers, des heures de dessins, de poses et plusieurs costumes, des carnets remplis de notes, des vocalises et quelques pierres taillées, des projets restés sur les pouces, Nann décide de ne plus chercher un moyen mais une façon de lier toutes ses attractions afin de pouvoir lire et rendre compte, boule-verser le matériau brut de la pulsion.

« Déranger la vision première, au-delà de l'apparence. Défigurer le sens du trait. Faire, de ce qui n'est pas dit, de ce qu'on ne voit pas, admettre ce qui est éprouvé non pour le comparer ou le faire valider mais pour l'accepter. Quel est l'état du corps de dehors à dedans. Quoi de cet « entre » où les choses nous dépassent et nous habillent, nous animent. Quoi de ce que j'habite et du rapport impossible quand nous faisons l'amour contre, quand nous mourons avec, l'autre et la mémoire irrationnelle, quoi de la vérité quand le sentiment - ailleurs éternel. Que reste t-il de l'instant, de toutes ces vies en parallèles et des divagations. Faut-il plonger ou courir droit devant, pour aller où, là où je suis, ce où dont je ne m'en sors pas, l'endroit que tu découvres, que je ne reconnais jamais. Comment est-ce que j'ouvre mes bras ; pourquoi je me souviens de ce que je ne sais pas. »

Couleurs sourdes et formes douces, on ne sait pas s'il est question de compassion ou de dénonciation, là où les failles se révèlent innées. La nature humaine détermine la fonction de l'homme et son état de transition, nature que personne n'accuse mais que l'on tente d'effacer, bien que sans contraste et passée la surface il n'y ait plus d'espoir à distinguer. Et puis par foi, il s'agit surtout de tendresse.

Nann s'épanche, de l'obscène à la poésie ainsi que sur l'énigme du jeux résiduel entre les corps, et depuis quelques temps s'interroge sur la présence appliquée dans la distance en critiquant son propre rôle, d'immobile.