LE GRAND NORD
C'est à l'âge de 15 ans que je découvre la passion de la photographie en même temps que celle du Grand Nord Canadien où mon père et mon parrain m'emmènent participer au premier Raid Harricana. Je n'aurai dès lors de cesse de rêver de retrouver ces grands espaces blancs, volonté qui va se concrétiser 13 ans plus tard lorsque je rejoins l'équipage du voilier polaire Vagabond pris dans les glaces du Passage du Nord-Ouest.
LA MER
C'est alors que je plonge dans un autre espace, gigantesque et prenant qu'est la mer, en embarquant successivement sur Vagabond dans les eaux glacées l'Océan arctique, sur le OS Mercator en mer du Nord (navire école de la marine Belge) ou sur le Cuauthemoc dans les Fjords de Norvège (navire militaire Mexicain).
LE DESERT
Ce n'est que par la suite que je découvre le désert, avec son immensité envoûtante et ses multiples facettes peintes de sables jaunes, rouges ou de pierres noires selon que l'on s'en approche au Niger, en Jordanie ou en Afghanistan.
LES HOMMES
Dès mes 21 ans, je pars sac au dos, mon Leica en bandouillère à la rencontre des autres. Parce que bien plus que les paysages magnifiques c'est la manière de s'y adapter et d'y vivre qu'ont les hommes qui me fascine et me questionne. Mes études de Sociologie, d'ethnologie et d'anthropologie ne suffisent pas à nourrir ma curiosité.
Je pars pour une autre vers une nouvelle inconnue, un pays dont la culture m'a depuis l'enfance fascinée, la Chine. J'atterris à Hong Kong sans autre plan que de rallier Pékin. J'y voyagerai trois mois avec seulement une quinzaine de pellicules en poche, ce qui m'oblige à réfléchir avant chaque déclenchement. Puis l'année d'après je pars pour le Népal, pays dans lequel je n'apercevrai les cimes himalayennes que vue d'en bas ou d'avion ! Surtout j'y tisse des liens d'amitiés qui me ramèneront dans ce pays régulièrement pendant les douze années à venir. C'est là-bas que je décide de mener ma première action humanitaire avec un ami népalais, nous allons constituer une équipe et y construire une école rurale ouverte au parrainage.
L'HUMANITAIRE
C'est ainsi naturellement que ma fibre humanitaire se révèle une vocation comme la photographie m'est une passion. À la croisée de ces deux pratiques, je m'engage auprès de différentes organisations humanitaires comme photographe et parcours les quatre coins du monde pour témoigner de la condition humaine. Et c'est très souvent, au cœur même des situations les plus misérables et désespérées que j'ai trouvé ce que pouvait être la grandeur d'âme.
LA PHOTOGRAPHIE
Ma photographie s'inspire beaucoup du jeu des ombres et de la lumière, et c'est dans la misère la plus sombre que je tente de mettre en lumière l'espoir, la volonté et le travail des hommes qui ont peu, plus ou rien.
Les aborigènes d'Australie craignent qu'on ne vole leur âme en les photographiant. Pour ma part j'ai découvert qu'à défaut de la subtiliser, la photographie relève de cette force mystérieuse qui peut révéler les âmes et les inscrire à jamais sur le papier.
De plus, dans un monde où tout va de plus en plus vite, les hommes comme les informations, la photographie oblige à prendre son temps et à regarder. Dans regarder, il y a garder et c'est ce qui me plaît dans l'acte d'écrire avec la lumière.