Marlène Bisson

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La femme désire plaire et pour cela, elle aime paraître, s'exposer.
C'est l'un des rôles de la photographie, intermédiaire entre la belle intimité dévoilée et le regard curieux du spectateur.

Tour à tour photographe et/ou modèle, longtemps je me suis régalée en usant de ce médium, jouissant à la fois de la position de voyeuse et de celle, comme dirait Jean Baudrillard, «d'objet de désir».

Aujourd'hui, mes modèles sont mes poupées articulées, mesurant quelques centimètres. Elles me permettent d'exprimer mes fantasmes, mes désirs, mes rêves, mes fantaisies ou mes caprices (de petites filles…), tout en les enrobant de sensualité et d'érotisme, qualités indissociables de leurs évolutions face à mon objectif.
Pour ce qui est du fantastique, tout m'est permis. Au gré de mes exigences et de mon humeur du moment, «ma» poupée peut stagner une nuit entière congelée dans un moule à cake, rester sous l'eau des heures durant ; si un bras me gêne, je l'arrache, si pour la circonstance elle doit être coupée en deux… et bien, ainsi soit-il ! J'ai presque envie de parler de «la mécanique du plaisir» de Bellmer. Dociles et soumises, gracieuses et discrètes, elles sont à ma merci.

Je garde en quelque sorte la position du photographe-modèle mais avec la possibilité d'aller bien au-delà de ce que j'aurais pu - voire oser - m'autoriser. Elles sont «mes» choses que ma personnalité habite, leur attribuant un certain sens de moi.