Marianne Breslauer

Marianne Breslauer

#Photographe
Née à Berlin en 1909, c'est à Paris que Marianne Breslauer, âgée d'à peine 20 ans, affirmera, à côté notamment de Man Ray, son vrai sens de la photographie. Comme son compatriote Erwin Blumenfeld, elle sera poussée à l'exil par l'arrivée au pouvoir du national-socialisme. Réfugiée d'abord à Amsterdam, puis en Suisse, elle abandonne la photographie en 1938 pour devenir marchande d'art auprès de son mari, Walter Feilchenfeldt. Marianne Breslauer est morte en Suisse en 2001.

C'est à l'occasion du centième anniversaire de sa naissance que la galerie Esther Woerdehoff présente des photographies que Marianne Breslauer a prises à Paris entre 1929 et 1938. Ce sont des tirages noir et blanc, qui offrent une image de la ville d'entre les deux guerres et représente un éventail de la vie artistique dans le Paris de l'époque. Un élégant portfolio de trois tirages, accompagnés d'un texte autobiographique de l'artiste sera proposé à l'occasion de cette exposition.

Entre 1927 et 1929, Marianne Breslauer suit les cours de photographie du Lette-Verein à Berlin. Si elle admire surtout le travail du photographe hongrois André Kertesz et de la portraitiste berlinoise Frieda Riess, célèbre sous la République de Weimar, c'est sur les traces d'Erich Salomon et de son extraordinaire «appareil caché» qu'elle entendra porter son regard sur les gens dans leur environnement.

En 1929, elle participe à l'exposition nationale «Film und Foto» à Stuttgart et part vivre à Paris où Man Ray la poussera à voler de ses propres ailes. Très vite, elle se retrouve dans le milieu artistique du quartier Montparnasse. Elle est proche de ses compatriotes, l'écrivain berlinois Franz Hessel et sa femme Helen Grund et Erich Maria Remarque et sa femme Jeanne qu'elle éternise dans une de ses plus belles images «Défense d'Afficher». Elle fréquente Henri-Pierre Roché, l'auteur du roman «Jules et Jim» et est amie des photographes Paul Citroën, Erwin Blumenfeld, Martin Muncasci et Georges Hoyningen-Huene. Le couturier Paul Poiret l'invite à faire une croisière sur la côte Atlantique.

En 1931, elle se rend en Palestine, où elle réalise certains de ses travaux les plus célèbres. En 1933, avec Annemarie Schwarzenbach, elle est envoyée en reportage dans les Pyrénées espagnoles.

A la veille de la deuxième guerre mondiale, Marianne Breslauer doit faire face à des problèmes grandissants liés à ses origines juives. On lui demande notamment de publier ses photographies sous des pseudonymes, ce qu'elle refuse. Cependant, son image «Ecolières» se voit désignée, au Salon international d'art photographique de Paris en 1934, comme «photographie de l'année».

Installée à Amsterdam, elle épouse en 1936 le marchand d'art Walter Feilchenfeldt, exilé d'Allemagne comme elle. Avec lui, elle se consacre entièrement au commerce de l'art. En 1939 le couple se réfugie à Zurich où il ouvrira, peu après la deuxième guerre mondiale, la galerie Feilchenfeldt, lieu essentiellement consacré à la peinture française et au dessin du XIXe siècle. À la mort de son époux, en 1953, Marianne Breslauer reprend les rênes de la galerie, qu'elle dirige jusqu'en 1990.
Après un long temps d'oubli, l'œuvre de Marianne Breslauer a été redécouverte dans les années 1980. Des publications et expositions, notamment à la Neue National-galerie de Berlin, lui ont été consacrées. La Fondation Suisse pour la Photographie s'apprête à lui rendre hommage, en 2010, avec une rétrospective d'envergure.