Artiste multidisciplinaire, Katia Gosselin s’oriente vers la photographie dès le début des années 2000. En plus d’exposer au niveau national depuis 2005, elle reçoit en 2008 une bourse de l’O.Q.W.B.J. pour participer à une exposition internationale à Bruxelles et en 2010, elle participe à l’Exposition universelle à Shanghai. Elle prépare actuellement Entre soi et l’oubli, une co-production avec l’artiste winnipegois Éric Lesage, présentée en mars prochain à la Maison des artistes visuels francophones de Winnipeg, ainsi qu’une nouvelle série photographique, Passage à vide ou l’inertie du décor, pour laquelle elle a reçu une bourse du Conseil des Arts du Canada en mai dernier. Katia Gosselin est membre du conseil d’administration de l’Atelier Graff à Montréal.
Ma démarche s’articule autour des comportements humains, et plus particulièrement sur les manifestations corporelles telles que les mouvements incontrôlés (Le bâillement, 2005-2006), le pressenti (Présence, 2007-2008), la synchronicité (La concordance des fluides, 2008-2009), la gestuelle des langues signées (Sédiments, 2009 et Interpellations, 2010-2011) ainsi que la relation entre l’être et son environnement (Passage à vide ou l’inertie du décor, 2012-2013). Le caractère singulier de ma création réside essentiellement dans l’expérience d’un vécu conjoint entre les modèles et moi-même. Les mises en scène créées sont en elles-mêmes des performances et témoignent de l’existence sensible des lieux et de ses occupants. Ces rencontres qui ne nous appartiennent plus en propre mais figurent l’état des choses et des êtres, traduisent la réalité subjective intérieure et celle, extérieure, des corps.
Les contraintes que sont le temps, la lumière, l’espace et les prédispositions de mes sujets sont des moteurs importants de ma création et orientent mes prises de vues. Celles-ci, paramétrées de manière minimale, me place, ainsi que mes modèles, dans une situation d’insécurité. La tension ainsi engendrée se retrouve concrètement dans mes photographies, jusqu’à occuper une place prépondérante dans mon œuvre. Cette « inquiétante étrangeté » (Das unheimliche), d’un réalisme parfois troublant, voire menaçant, suggère un mode de lecture inhabituel. Mes sujets sont minutieusement choisis en fonction de l’expressivité de leur corps et pour la qualité de leur présence. Leur visage transformé ou inexistant fait ressortir l’immatérialité de leur identité. Chaque session est une rencontre interpersonnelle. Sans le forcer, je mets en place des éléments qui font surgir le propos.