Né à Madrid en 1988, José Manuel Egea est un adepte, depuis l’âge de 10 ans, des super héros des Marvel Comics, et tout particulièrement de Jack Russel le loup garou et de Hulk, le géant vert qu’il se plaît à imiter. La transformation de l’homme en bête, d’être humain en créature puissante, terrible et indestructible le fascine. Elle est au centre de tout sa création produite, depuis 2010, au sein du centre de création « debajo del sombrero » (sous le chapeau) qui accueille des personnes présentant des déficiences intellectuelles.
Egea n’a pas de difficulté à se connecter à « la part de loup » - comme il l’appelle - qui réside dans l’apparence de tout individu. Il la connaît bien grâce à ses crises au cours desquelles il a besoin de hurler pour se calmer et de déchirer toute sorte de chose, tout spécialement ses vêtements.
Un large pan de son travail consiste à modifier des photographies choisies dans des magazines qu’il crayonne au stylo bille jusqu’à ce que le portrait, enterré sous la noirceur de l’encre, disparaisse, pour céder la place au monstre. Son stylo invoque l’animal qui réside dans le sujet du portrait et qui lutte pour émerger.
Sa famille raconte comment chez eux, il a l’habitude de déchirer le papier, de préférence les magazines et les livres illustrés tout spécialement ceux sur l’art, qu’elle doit donc cacher afin d’éviter qu’il ne les découpe ou en arrache les couvertures.
Une série de mots ou de phrases qu’il répète mystérieusement l’attirent particulièrement : androgyne, la naissance, la transformation, sacristie, étant né nu, cordon ombilical, le mannequin, la plage, il devient moitié homme moitié loup, hypertrichose, restant noir pour toujours, homidés - il semble que ce dernier mot l’effraie beaucoup.