Ilya Starichkov est né en 1982 à Elektrostal, une ville industrielle à l'est de Moscou, dans une famille d'ouvriers.
Son grand-père était photojournaliste professionnel, bien qu'il ait préféré faire des images artistiques au lieu d'accomplir son devoir de correspondant sur les chantiers du pays.
Il y avait dans leur modeste appartement un piano qui attirait irrémissiblement l'attention du petit Ilya. Il passait des heures à contempler ses touches lisses noires et blanches. Parfois il prenait du courage à taper dessus, en espérant de faire sortir une mélodie harmonieuse.
L'instrument musical s'est opposé à la volonté d'Ilya, mais pas l'appareil photographique. L'attirance pour le noir et blanc restant inchangée.
« Mes photographies sont nées sous la pression des idées, qui percent ma subconscience et exigent d'être réalisé. Ce que j'ai fait sous la forme des constructions visuelles, elle sont un peu étrangères à l'espace et temps actuel. Elles sont incapables d'exister dans le réel. » Muni de capacité purement russe de faire des merveilles à partir de rien, Starichkov assemble des éléments banals qui, comme par magie, réorganisent l'espace, en emmenant le spectateur vers d'autres réalités. Les tissus aux imprimés floraux entrent en dialogue avec des objets du quotidien ou avec des corps féminins.
La chaire abîmée, noircie, mutilée devient l'objet d'admiration, du délice esthétique. Starichkov, avec la finesse peu connue chez les Russes, juxtapose, assemble, bricole et produit des images difficiles à définir. Elles nous échappent et nous surprennent. Elles frôlent le kitch, sans le devenir.