Georges-Gabriel Picard naît à Remiremont en 1857. Artiste peintre, membre de la Commission des Beaux-arts, il est à l'origine de la notoriété René Lalique, le grand artiste verrier. En 1917, Suzanne la fille de René Lalique, épouse Paul Burty Haviland, le fils du créateur de la manufacture de Porcelaine de Limoges. Georges Picard se lie alors d'amitié avec Paul et Suzanne Haviland. Paul acquiert, en 1925, une propriété à Yzeures sur Creuse, où Georges Picard et son épouse Camille feront de fréquents séjours.
En juillet 1940, veuf, Georges est brutalement chassé de sa maison avec toute la population juive d'Obernai (Alsace). Il se retrouve à Lyon, seul et désemparé. Il écrit à Paul, son ami de toujours, qui le prie de venir le retrouver.
Georges ne pourra rejoindre son ami Paul qu'en janvier 1941, l'autorisation de quitter Lyon ne lui ayant pas été accordée.
Pendant plus de deux ans, Georges Picard et Paul Burty Haviland ne se sépareront plus, vivant dans la même maison. En février 1943, Georges est mort d'une crise cardiaque. Paul décida d'acquérir une concession perpétuelle dans le cimetière d'Yzeures sur Creuse, pour y ensevelir son vieil ami. Il y repose depuis, non loin des tombes de la famille Haviland, ses frères et sœurs d'adoption.
Bien plus tard, en août 2003, Serge Aboukrat, qui préparait une exposition sur l'œuvre photographique de Paul Burty Haviland, se rend à Yzeures sur Creuse où était exposé le fonds de Paul Burty Haviland appartenant au Musée d'Orsay. C'est au cimetière, sur les tombes des deux amis, qu'il apprend cette belle histoire racontée par la fille du photographe, Madame Nicole Maric-Haviland, et décide alors d'entreprendre les démarches d'attribution de la Médaille des Justes parmi les Nations à Paul Burty Haviland.
La médaille de Juste parmi les Nations est la plus haute distinction décernée à titre civil par l'Etat d'Israël à ceux et celles qui ont risqué de leur propre liberté ou même de leur vie pour sauver des juifs pendant l'occupation des Nazis à travers toute l'Europe. Les personnes reconnues comme telles reçoivent la médaille des Justes et un certificat honorifique (remis à un proche en cas de reconnaissance posthume); en outre, leurs noms sont inscrits sur le Mur d'honneur du Jardin des Justes du musée Yad Vashem à Jérusalem.
