Bernard Pierre  Wolff

Bernard pierre Wolff

#Photographe
Né le 26 novembre 1930 à Connerré dans la Sarthe, Bernard Pierre Wolff
quitte sa petite ville natale à vingt-trois ans pour se rendre à Paris et
suivre les cours de menuiserie à l’École d’Apprentissage de la RATP.
Ses premières photos, simples clichés souvenirs pris avec un rudimentaire
appareil Kodak, datent de son service militaire au Maroc. Démobilisé en
1952, il rentre à Paris où il commence à gagner sa vie en tant que
modèle, mannequin, puis figurant dans plusieurs films, avant de rentrer
à la Cinémathèque française en tant qu’assistant d’Henri Langlois. Il
contribue à d’importantes rétrospectives et organise une grande exposition
sur l’histoire du cinéma, qui sera notamment présentée à Berlin-Est.
Mais New York le fascine et son rêve est d’y vivre. New York… ville démesurée,
grouillante et qui ne dort jamais, dépourvue de préjugés, ouvertes aux
rencontres et à tous les possibles, lui offre ce qu’il attendait : « Ce
qui m’intéresse, c’est tous ces gens à la limite de la folie ». D’abord
engagé comme dessinateur graphique à la Foreign Policy Association, il se
voit très vite confier un Nikon pour photographier leurs conférences et, peu
à peu, à ces images institutionnelles, il adjoint d’autres thèmes : des
paysages, des portraits et surtout des scènes de rue. Dès lors, son oeil ne
quittera plus l’objectif et il ne s’éloignera de New York que pour voyager.
En 1965, c’est la Tunisie et le Maroc, dont il rapporte des images
remarquables, qui lui valent jusqu’en 1972 un certain nombre de missions à
travers le monde, pour le compte d’agences commissionnées par l’ONU. C’est
ainsi qu’il se rend en Afrique (Niger et Haute-Volta), en Amérique du sud
(Bolivie et Brésil) et enfin pour la première fois en Inde.
1974 marque une étape décisive dans la vie de Bernard Pierre Wolff lorsqu’il
effectue un stage auprès de Charles Harbutt, expérience exceptionnelle
qu’il qualifie comme le tournant de sa carrière : « Pendant les dix années
précédentes, mon style avait été influencé par ma formation de dessinateur.
Soudain, après trois jours, tout s’est illuminé (…) je venais seulement de
comprendre comment on prend une photo ».
En 1975, totalement maître de son art, il repart pour un voyage très
fructueux en Inde et, à son retour, il participe à plusieurs expositions à
BIOGRAPHIE
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New York et à Paris, tandis que le magazine Modern Photography commence à
publier son travail.
Ce photographe passionné ne s’arrête jamais. Entre sa vie new-yorkaise qu’il
mène avec fougue, entouré d’amis créatifs en marge des milieux clinquants
à la mode, et ses nombreux voyages en Europe du sud (Espagne, Portugal,
France, Italie) en 1977, il enchaîne expositions et travaux et, en 1978,
publie ses photographies dans un livre intitulé Friends and friends of
friends. Images insolites, scènes de trottoirs, séquences prises sur le
vif, incongrues et originales.
Un dernier voyage en Inde, en 1980, confirme son amour pour ce pays et la
spiritualité qui en émane : « l’Inde n’est pas pauvre, c’est nous qui le
sommes. Essayez de comprendre, et vous aurez fait le plus beau voyage qui
soit ». L’ouvrage En Inde est publié en 1982 aux éditions du Chêne. L’année
suivante, c’est le Japon qui l’intrigue et l’émerveille, Tokyo surtout, où
la densité et le mouvement incessant de la foule le stupéfient : « Tokyo
est une énigme qui fascine ».
En 1983, New York Macadam, son ouvrage de référence, est publié aux éditions
du Chêne et offre au grand public ses images – mieux, sa vision - de la
mégalopole. La même année, à Londres, il entreprend un projet de livre sur
la ville et ses habitants. « Photographier Londres est pour moi un plaisir
égal à celui de voir l’Inde ou New York. Tous les coups sont permis ».
En 1984, l’ONU le dépêche en Afrique où il parcourt le Kenya, le Malawi,
le Botswana et le Lesotho. Ce sera sa dernière grande mission. Atteint
du Sida, il rentre à New York où, malgré sa faiblesse, il commence à
travailler sur son premier livre de photographies couleur. Ce projet restera
malheureusement inachevé car Bernard Pierre Wolff s’éteint prématurément le
28 janvier 1985, à l’âge de cinquante-quatre ans.
Un an après sa mort, une exposition-hommage présente les oeuvres de Bernard
Pierre Wollf à l’Espace photographique de Paris Audiovisuel, alors situé
au Forum des Halles à Paris, préfiguration de la Maison Européenne de la
Photographie, dont l’auditorium porte aujourd’hui son nom.